Réputée pour ses guerriers aux muscles saillants, humant la testostérone à plein nez, la maison Versace explore pour le printemps-été 2019 la confusion des genres... à sa façon. Des couleurs néon aux imprimés floraux, des sacs en bandoulière à chaîne or aux full-looks python, le mélange des genres est subtil, l'homme pioche chez la femme et non l'inverse. Et même si on pensait le concept inenvisageable, il marche du feu de dieu. Versace oblige.

Pour sa première collection à la direction artistique de la maison Canali, Hyun Wook Lee revoit ses fondamentaux. L'homme maison est placé au centre de l'échiquier stylistique de la collection, et s'approprie la prose sartoriale. Le costume est revu en version colorée, les volumes clament leur nouveauté, l'allure faussement négligée. L'adage des (jeunes) initiés.

Avec sa poésie innée, Francesco Risso étaye le vocabulaire de l'homme Marni de manière significative. Ainsi, les coupes loose et l'allure romanesque un brin dramatique accueillent un incroyable imprimé Kamasutra, le colorblock devient patchwork et s'immisce sur toutes les matières, l'esprit piscine domine et les claquettes d'hôtel deviennent de véritables mules en éponge. Une idée de l'homme contemporain sans précepte défini. Mais soulignant une intelligence à tous les niveaux.

On pourrait dire de Domenico Dolce et Stefano Gabbana qu'ils sont les rois de la fête à Milan. Car ils instaurent, 4 fois par an, de véritables happenings à la place de simples défilés. Cette fois-ci, c'est l'héritage D&G qui est à l'honneur, tout ce qui a fait que le label italien est devenu interplanétaire. Dans un jeu de contrastes, les icônes de la maison comme le costume rayé, les influences byzantines ou le workwear luxe habillent la crème des Millenials, lesquels arpentent le podium aux côtés de Monica Bellucci, Marpessa Hennink ou encore Naomi Campbell, qui clôturait l'évènement. Sans conteste le rendez-vous le plus Instagrammé du weekend.

Cap sur la Côte d'Azur pour le gentleman Ralph Lauren. Le lieu de villégiature préféré des américains lorsque la température monte inspire blousons cirés, cabans de matelots et pulls marins pour le jour, aussi bien que l'impeccable smoking de la maison et une série de costumes et trench-coats plus désirables les uns que les autres pour le soir. Avec, par moment, une vibe sportive (et gold) qui réveille le yankee en villégiature dans sa villa de Ramatuelle.

L'intitulé annonçait "En apesanteur". Loin du tube vieillissant de Calogero, c'est un double message que livrait le défilé printemps-été 2019 d'Alessandro Sartori pour Ermenegildo Zegna Couture. Tout d'abord, l'incroyable cadre du show, une passerelle faite de miroirs posés à même l'eau, au bas du Palazzo Mondadori, chef d'oeuvre futuriste d'Oscar Niemeyer. Ensuite, la légèreté légendaire de son lexique sartoriale, où le drap de laine est aussi fluide et souple qu'une popeline, et où la notion d'été prend tout son sens via les coupes amples et les volumes romantiques. Le tout cadré, quand même, d'une rigueur très luxueuse et ponctué d'imprimés un brin délirants ou de grosses sneakers bariolées, histoire de dérider l'invétéré businessman italien.

C'est ce soir à 20h30 que le défilé Ermenegildo Zegna ouvrira la semaine de la mode masculine à Milan. A découvrir en même temps que le front-row milanais.

Épopée street entre savoir-faire et stylisme barré, le printemps-été 2019 sera singulier chez MCM. Les k-ways et imperméables XXL jouxtent bananes monogrammées et pièces workwear en nylon. Le résultat ? Une vibe très Run DMC mais en pleine rave-party berlinoise.

Pour sa première collection masculine chez Roberto Cavalli, Paul Surridge part des bases ritales un brin bling de la maison et les transforme en un vestiaire hétéroclite, urbain, plus low-profile qu'on aurait pu le croire. L'idée ? Des silhouettes fluides, un peu rétro, mais très efficaces, un sens edgy de la coupe, et une omniprésence du sportswear, des pieds à la tête. L'apanage d'une nouvelle jeunesse qui revendique la liberté comme crédo, et s'émancipe des règles établies pour en créer d'autres qui leurs sont propres.

Inspirée de l'Inde de Satyajit Ray, mais bien loin des cliché clinquants du Bollywood post-moderne, l'armée de Kiko Kostadinov est une tribune à la poésie urbaine et à la richesse culturelle bengali. Les codes workwear du créateur tutoient nylons, Prince de Galles, chèches et jerseys pastels, composant une silhouette hybride qui n'a pas besoin de prouver son appartenance à un clan pour faire carton plein.

L'été parfait au Royaume Uni ? Couvert, car les températures ne dépassent pas les 25°C. Coloré, champêtre, pour se fondre dans le paysage verdoyant du Sussex. Et sur fond de rock'n'roll. En collaborant avec les mythiques Stone Roses, Kent & Curwen coche toutes les cases d'un mois d'août passé à arpenter les chemins de campagne britanniques au son des guitares. Un brin plus débraillé qu'à l'accoutumée, naïf par moments, mais toujours fidèle à l'étiquette. Cela va de soi.

Fidèle à son engagement en faveur de la planète, Christopher Rauburn axe ses efforts sur la fonte des glaciers au Pole Nord cette saison. Les clichés alarmistes de la NASA sont déclinés en print, le plastique qui compose les parkas est entièrement recyclé. Le mot d'ordre ? React.

La ballade romantique d'un gentleman d'Islington, entre étendues champêtres et massifs de fleurs sauvages. Fidèle à ses habitudes, Oliver Spencer maîtrise le mélange des styles, et y applique sa patte néo-gipsy qui rassemble les grands mâles de ce monde. Il n'y avait qu'à voir le premier rang pour se rendre compte de l'étendue de son influence : Toby Bateman, managing director de Mr. Porter, ou Richard Biedul, qui fendait lui le podium. Le sartorial se fait léger, l'humeur aussi badine que les fleurs qui ornent le cou des modèles. Le tout dans un élan sustainable qui compte bien s'amplifier saison après saison.

Après avoir gagné le Woolmark Prize en janvier dernier, Matthew Miller s'inscrit dans la lignée des designers contestataires made in London. "Paradise Lost", une ode nostalgique à la très populaire maxime du "c'était mieux avant", s'articule autour d'une allure guerrière, fonctionnelle, où chaque détail rappelle tantôt l'uniforme d'un cuirassé, tantôt le twist underground d'un ouvrier du BTP. Le portrait d'une nouvelle génération qui s'émancipe aussi vite qu'elle monopolise la parole.

En donnant le top départ de la London Men's Fashion Week, Daniel w. Fletcher se devait d'annoncer la couleur de la saison à venir. Un subtil mélange de tailoring 2.0, héritage des english roots qui font fureur à Fitzrovia, et d'une maîtrise absolue de la silhouette. En collaborant avec l'artiste Caitlin Keogh pour ses imprimés, le designer conjugue masculin et féminin sans jamais tomber dans le cliché queer. Et dote son travail d'une émotion intelligible.