Quel avenir pour la bourgeoise Celine ?
Après avoir en-chabrolisé toute la planète, réconcilié l'opinion publique avec la jupe culotte, le jabot et le pied de poule, Hedi Slimane écrivait donc ce soir le troisième chapitre de son histoire chez Celine. Bourgeoise ? Pas bourgeoise ? Le suspens est à la postérité, dans l'imaginaire du créateur, des figures féminines de la Nouvelle Vague, Delphine Seyrig, Stéphane Audran, de ces allures faussement sages du 16e arrondissement... Ici, à la frontière du 7 et du 15, à l'ombre - ou la lumière - du Dôme des Invalides, le lever de rideau est tout sauf policé : la première silhouette émerge d'une structure géométrique perlée de lumières jaunes, vertes... au son d'un de ces rocks psyché' dont Hedi Slimane a fait sa signature sonore. Les mains dans les poches, en jean, basket, chemise ouverte sur des médailles hétéroclites, cette fille-là a quitté son cinéma d'auteur pour écrire sa propre histoire. Post-soixante-huitard mais toujours aristo, le pitch cristallise en 63 passages les élans de la jeunesse dorée vers un style de vie bohème - comme dans la chanson. Tout le sel du poncif "bobo" est là, dans cet embryon de layering façon De La Falaise, où les turbans en soie couronnaient un cuir d'homme et une jupe bcbg. Ainsi et enfin, ce qui perçait il y a six mois comme un manifeste modo-culturel est ici mis en pratique. À l'instar de Truffaut, qui projetait le cinéma des studios à la rue, Hedi Slimane prend son bourgeois, sa bourgeoise et les envoie battre le pavé.