Gaia Weiss : "Je me verrais bien jouer une adaptation de Nana de Zola par Lars von Trier"
Entre cinéma et mannequinat, l'actrice française Gaïa Weiss a une carrière en plein essor. En exclusivité pour L'OFFICIEL, elle parle de ses études, de ses lectures essentielles et de ses rencontres décisives.
L’OFFICIEL : Quels sont vos premiers souvenirs de cinéma ?
Gaia Weiss : Le dimanche nous regardions des classiques avec mon père, c’était une tradition. Et ma mère m’a initiée au cinéma polonais. Je dirais que mes premiers souvenirs, dans le désordre, sont Singing in the Rain, Pan Tadeusz de Wajda, Billy Elliot et Guerre et Paix avec une voix polonaise doublée par-dessus la VO.
L’O : En tant que spectatrice, quelles sont vos scènes préférées ?
G.W. : J’ai découvert True Romance de Tony Scott à 17 ans, c’est mon film préféré depuis. Il y a tellement de références et un casting de folie, Patricia Arquette, Gary Oldman, Christian Slater, James Gandolfini..., mais je ne saurais pas choisir une scène en particulier.
L’O : Et celles que vous avez eu le plus de plaisir à jouer ?
G.W. : Je viens de tourner Victims d’Agnieszka Lukasiak, sur les répercussions que peut avoir le harcèlement sexuel sur un jeune couple. C’est à ce jour le rôle le plus exigeant que j’ai eu à jouer, le personnage était tellement proche de moi qu’il était difficile de faire la part des choses. Et pourtant je pense que c’est le rôle que j’ai eu le plus de plaisir à jouer.
L’O : Si vous deviez choisir un film faisant l’objet d’un remake où vous auriez le premier rôle, lequel choisiriez-vous ?
G.W. : Je me vois bien jouer une nouvelle adaptation de Nana de Zola dirigée par Lars von Trier. Dans Malcolm & Marie, Marie dit à Malcolm, en parlant de son film, “You were able to take all the ugly shit and make something beautiful.” Pour moi, c’est ça la force du cinéma, réussir à transcender les expériences négatives de la vie pour en faire quelque chose de beau.
L’O : Quels sont vos souvenirs de formation au Cours Florent ? Et qu’est- ce que vos années de danse ont apporté à votre jeu?
G.W. : Je suis allée au Cours Florent pour me préparer aux concours des écoles anglaises, donc initialement je ne faisais que la classe d’Acting in English. Mais j’ai rencontré des personnes merveilleuses, Isabelle Duperray, Sherazade Benaddi, et Laurent Natrella de la Comédie-Française qui m’a donné le goût pour les auteurs classiques français. La danse classique m’a appris la rigueur.
L’O : De toutes vos expériences d ’actrice, lesquelles vous ont le plus marquée ? Les tournages “modestes” ou la superproduction du type Vikings?
G.W. : Sur des productions à gros budget, il y a plus de confort et de temps de préparation, mais sur des projets indépendants il peut y avoir plus de liberté de création. C’est intéressant de pouvoir faire les deux. En fin de compte, ce qui me marque vraiment ce sont les rencontres, et le souvenir d’une équipe, des aventures que nous avons traversées ensemble, des liens qui se sont créés.
L’O : Quels rôles vous attirent ? Ceux où vous retrouvez quelque chose de vous ou ceux qui vous emmènent très loin de votre personnalité ?
G.W. : Selon moi, on décroche toujours un rôle à un moment précis, pour des raisons qui parfois nous dépassent. Et c’est toujours l’occasion de découvrir une part de soi qu’on ignorait jusque-là, c’est la beauté de ce métier.
L’O : Quel est votre rapport à la mode ?
G.W. : La mode est une façon de mettre en valeur son authenticité. Comme le théâtre, le cinéma, c’est une autre façon d’exprimer sa créativité. On donne à voir une image de soi au monde.
L’O : Comment organisez-vous votre carrière entre mannequinat et cinéma ?
G.W. : J’ai fait du mannequinat de 13 à 18 ans, une période délicate où l’objectification du corps peut créer de nombreux complexes. Des années de thérapie m’ont aidée à surmonter certaines choses, ce qui me permet aujourd’hui d’aller plus loin dans mon jeu, d’avoir beaucoup plus de liberté. Par ailleurs, l’expérience du mannequinat m’a appris à exprimer certaines émotions en photo sans avoir recours à la parole, aux gestes, simplement à travers le langage du corps, à travers un regard. C’est un outil important.
L’O : Vous êtes assez active sur les réseaux sociaux, est-ce par nécessité professionnelle ou par plaisir d’interagir avec vos proches et vos fans?
G.W. : Je me souviens avoir créé un compte Twitter, puis Instagram, car il était stipulé dans mon contrat pour le film La Légende d’Hercule qu’une grande partie de la promotion se ferait via ces réseaux. C’était en 2013. Les équipes américaines étaient en avance, et j’ai eu droit à des cours de communication digitale. Aujourd’hui, je pense avoir trouvé un équilibre entre ce que je veux montrer de ma vie privée et la partie professionnelle. Quant aux interactions avec des personnes qui suivent mon travail, j’ai toujours préféré répondre aux lettres que je reçois via mon agent et rencontrer les gens en vrai à différentes occasions.
L’O : Quelles ont été les rencontres les plus déterminantes dans votre parcours ?
G.W. : J’aime travailler avec des réalisateurs de mon âge. Je viens, par exemple, de tourner Méandre de Mathieu Turi (la sortie est prévue le 16 juin, ndlr). Notre collaboration était très forte, chacun de nous rebondissait sur les propositions de l’autre, et je pense que c’est ce qui donne, entre autre, sa force au film. Avec un réalisateur de ma génération la communication est souvent plus facile, l’échange plus fluide.
L’O : Quels sont vos modèles ?
G.W. : Je m’inspire des gens que je croise, ou qui font partie de ma vie. Comme mon ami Russell Owen qui vient de réaliser Shepherd dans lequel je joue aux côtés de Tom Hughes. On se connait depuis huit ans et je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi déterminé et rigoureux.
L’O : Quelle chanson avez-vous en tête à ce moment précis ?
G.W. : Je suis en train d’écouter Hanoi de Red Axes au moment où je réponds à cette interview.
L’O : Quels livres vous servent de boussoles essentielles ?
G . W. : La Rose aux treize pétales d'Adin Steinsaltz, Autobiographie d'un yogi de Paramahansa Yogananda, Le Livre de la joie, conversations entre le Dalaï Lama et Desmond Tutu.
L’O : Comment vivez-vous cette période si particulière pour tout le monde et en particulier pour le monde de l ’art ?
G.W. : C’est une année qui a remis en question beaucoup de choses, comme notre rapport au monde. Mon compagnon et moi sommes allés tourner un court métrage dans les Alpes sur l’impact qu’a eu la pandémie sur son métier de Dj et producteur de musique. In the Valley a commencé sa tournée des festivals et vient d’être sélectionné au LifeArt Festival de Miami.
Coiffure et maquillage : Sergio Corvacho.