On a rencontré Alexandra Imgruth, styliste prisée de nombreuses célébrités
Exclusivement pour L’OFFICIEL, la styliste de stars Alexandra Imgruth nous a partagé son parcours, sa relation avec ses clients et les dessous de son métier. Entre glamour et paillettes : rencontre avec une passionnée accro à son travail.
L’OFFICIEL : Quand et comment avez-vous décidé de travailler dans la mode ?
Alexandra Imgruth : Ma famille est dans la mode, j'ai donc grandi dans ce secteur, mais j'ai décidé d'étudier l'histoire de l'art à l'université, car je n'avais pas l'intention de travailler dans la mode à l'époque. Au début de la vingtaine, je suis devenue la première assistante de George Cortina et pendant des années, je n'ai fait que m'occuper de vêtements, ce que j'adorais. J'étais l'assistante qui demandait tous les échantillons pour les relations publiques, qui créait les planches d'ambiance pour les tournages, qui recherchait des créateurs vintage et nouveaux, etc. Cela me passionnait et j'adorais être sur le plateau, travailler avec les équipes de photographes, de coiffeurs et de maquilleurs et voir les images finales dans les magazines : je savais que j'avais trouvé ma "vocation".
LO : Qui sont vos clients et pourquoi avez-vous choisi de travailler avec eux ?
AI : Je travaille avec une poignée d'acteurs, de réalisateurs et de mannequins, dont Léa Seydoux, Jemima Kirke, Taissa Farmiga, Grear Patterson, Olmo Schnabel, Steffy Argelich et Lily Gavin. Je suis une cinéphile autoproclamée et j'aime donc travailler avec des acteurs et des réalisateurs dont j'admire également le travail.
LO : Comme vous nous l’avez précisé, vous êtes la styliste de Léa Seydoux, une référence dans sa profession ainsi qu'en termes de style — dont la France est très fière. Comment travaillez-vous avec elle pour trouver la bonne tenue ? Est-ce un travail solitaire ou une réelle collaboration entre vous deux ?
AI : Léa et moi travaillons très bien ensemble car nous sommes de vraies collaboratrices et avons une confiance totale l'une envers l'autre. Nous avons des goûts très similaires et nous aimons aussi prendre des risques, ce qui fait une excellente recette sur le tapis rouge. Lorsque nous planifions un look personnalisé, nous discutons de différentes choses qui nous ont inspirées — parmi musique, films, art — et à partir de là, je commence à faire des recherches et à discuter avec les équipes de relations publiques et de création des Maisons de Couture pour proposer des croquis. Une fois qu'un modèle a été choisi, nous procédons à des essayages et nous travaillons ensemble pour créer le look final.
LO : Être styliste pour des célébrités de renom semble être un métier très glamour, mais le public n'a aucune idée précise du travail que cela demande. Pouvez-vous décrire votre carrière en termes d'attentes et de réalité ?
AI : D'après mon expérience, le public pense que les stylistes boivent du champagne toute la journée avec des stars du cinéma, essaient des vêtements de Haute Couture et assistent à des défilés de mode. En réalité, mon travail quotidien est rempli de logistique... Mais aussi de champagne et de fêtes ! Je passe la plupart de mes journées à échanger des courriels avec les équipes de relations publiques et de création des Maisons de Couture, à prendre des rendez-vous avec des vendeurs de vêtements vintage, à communiquer avec des tailleurs, à gérer la logistique des expéditions dans le monde entier, à faciliter l'arrivée de prototypes et les retours d'essayages précédents, ou encore à voyager avec de nombreuses valises et malles à mes bras. Je travaille sur 4 fuseaux horaires différents — Paris, Los Angeles, New York, Londres —, mes horaires sont donc longs, et le travail exige un dévouement extrême, la capacité de gérer le stress et une connaissance très spécifique de la mode.
LO : Avez-vous une tenue préférée ? Un look que vous avez réalisé et qui vous fait dire que vous avez fait du bon travail dès que vous avez vu votre client sur le tapis rouge ?
AI : Il est difficile de n'en choisir qu'un, mais récemment, j'ai adoré le look de Léa au photocall Louis Vuitton à Cannes cette année pour "Crimes of the Future". La base du look était le Look 5 du défilé LV FW22 auquel j'ai ajouté un blazer et un short midi des années 80, ce qui donnait un équilibre parfait entre le féminin et le masculin.
LO : Y a-t-il une icône mode qui vous inspire au quotidien ?
AI : Ayant grandi entre deux continents, je pense logique d’avoir été inspirée par une Américaine et une Européenne... Betty Catroux et Carolyn Besette.
LO : Quelles sont vos marques préférées du moment ?
AI : Je suis très enthousiaste à l'idée qu'Anthony Vacarello revisite de nombreux looks d'archives d'YSL pour Saint Laurent, j'adore la femme puissante que Nicolas Ghesquière crée pour Louis Vuitton et je suis également accro à la Celine d'Hedi Slimane. Je porte quotidiennement des blazers Blazé Milano, des hauts boutonnés signés Charvet, et j'aime mélanger ces pièces avec du vintage ou des petits créateurs car j’adore porter des pièces que je ne vois pas sur tout le monde. Récemment, j'ai découvert un jeune designer, Kevin Leonel, sur TikTok, qui réutilise de vieux maillots de sport pour en faire des cardigans ou des vestes super cool.
LO : Par ailleurs, les marques doivent vous demander sans cesse de travailler avec elles. Comment choisissez-vous celles avec lesquelles vous allez collaborer ?
AI : Le choix d'une marque avec laquelle travailler dépend de la personne que je stylise. Tous mes clients ont des goûts, des morphologies, des sexes différents, etc. Et je n'aime pas fusionner mon style personnel avec la façon dont je les habille. Certains aiment les pièces très modernes et épurées, d'autres aiment porter beaucoup de couleurs et des pièces avec détails ou imprimés élaborés. Je passe en revue toutes les collections au début de chaque saison, de sorte qu'en voyant les looks, je peux automatiquement dire quelles pièces/marques auront une grande synergie avec un client.
LO : Si vous aviez un conseil mode à donner ?
AI : Investissez dans une pièce de qualité. Vous l'aurez et la porterez pour toujours.
LO : Le conseil mode que vous tenez de votre mère ?
AI : Prenez soin de vos vêtements ! Quand j'étais adolescente, j'étais très désordonnée et je jetais toujours mes vêtements par terre. Ma mère me sermonnait en me disant que je n'aurais pas le droit de posséder de belles pièces si je continuais de la sorte.
LO : Quelle pièce mode n'achèterez-vous jamais ?
AI : J'adore cette question, car il y a des moments où j'ai dit que je n'achèterais ou ne porterais "jamais" quelque chose — par exemple une paire de tennis blanche. Je déteste généralement les baskets blanches et parlais à un ami de cette aversion, la minute suivante je me suis retrouvée complètement séduite par des Converse blanches brillantes qui se trouvaient au fond de mon placard. Ne dites jamais jamais, comme l’exprime le dicton.