Pourquoi la mode assume-t-elle enfin ses défauts ?
Peut-être est-ce la reine du tricot qui murmure à l’oreille des créateurs... « Pas d'ourlet, pas de doublure », le mythique lâcher-prise de Sonia Rykiel est le fil rouge de la saison. Partout, on laisse le vêtement faire des siennes, pour une allure dépoussiérée et décomplexée. Ça commence par Julie de Libran bien sûr, qui propose Sa version du concept rykielien de démode : les bordures s’effilochent, les broderies se délient et les tricots se détricotent, au point de frôler la frange. Chez Maison Margiela, John Galliano fait tout à l’envers. Traditionnellement cachés ou coupés, les bouts de fil sont partout : sur les écharpes, sacs, broches, et même dans les cheveux.
À ne plus rabattre ses mailles, la mode gagne en humanité. Les codes du luxe ont sérialisé la silhouette... le retour de l'artisanal l’individualise et la complexifie. On recouvre la culture underground chez Wanda Nylon, où les robes et jupes bcbg se trouent et s’effilochent – un pied de nez à l’uniformisation des styles, selon Johanna Senyk. Plus mystiques, les coutures apparentes et fils volants de Sarah Burton pour Alexander McQueen puisent leurs racines dans la tradition du « Clootie well » celte. Les défauts ne sont plus défauts mais rituels, à nouer sur des arbres centenaires...ou sur de longues robes de druidesses post-modernes.