Femmes

Shira Haas (Unorthodox) : "Je suis une nerd"

Découverte mondialement dans la série Netflix Unorthodox, elle a ébloui le public par son talent avec le rôle complexe d’Esther. Interview virtuelle entre New York et Tel Aviv avec l'une des grandes stars de demain. 

Traduction par Géraldine Trolle

 

 

La mini-série à succès Unorthodox sur Netflix nous a fait pénétrer dans le monde ultra-conservateur de la communauté juive hassidique de Satmar à Williamsburg, Brooklyn. L’actrice israélienne Shira Haas y joue une jeune femme nommée Esther Shapiro qui, déçue par sa foi, choisit de fuir, tout comme sa mère l’avait fait avant elle, à Berlin, en Allemagne. Les premières scènes où Esther s’échappe de Brooklyn relèvent plus d’un thriller d’espionnage que d’un roman d’apprentissage d’une fille filant dans une nouvelle ville. Et, à première vue, ce n’est pas une histoire avec laquelle la plupart d’entre nous pourraient s’identifier, mais à certains moments de risque incommensurable, de transformation brutale, de découverte de soi inattendue, ou même au moment de l’achat d’un premier jean, vous auriez du mal à ne pas projeter une part de vous-même dans l’incarnation étonnante d’Esther par Shira Haas. 

L’actrice de 25 ans, avec son petit gabarit et ses yeux en forme de soucoupes, exécute une performance qui superpose ce genre d’émotion nuancée qui ne peut être enseignée, et, avec des dizaines de millions de téléspectateurs happés par la série, le monde a pris note de son immense talent. Au moment où la pandémie du COVID-19 a remodelé la vie de tout un chacun, Shira, elle, a vécu de façon très particulière le moment où elle est passée d’actrice vénérée localement – pour son rôle dans la série télévisée israélienne Shtisel – à l’une des stars les plus en vue au monde, quasiment du jour au lendemain. “Je me souviens aller sur mon balcon avec mon café pendant le confinement, regarder dans d’autres maisons et me voir sur les écrans de télévision dans Unorthodox. Je le jure ! et ce n’est pas arrivé qu’une seule fois, quand j’allais suspendre mon linge à sécher ou autre chose... J’avais presque l’impression qu’Esther était ma voisine”, se souvient-elle avec un rire stupéfait lors d’une conversation vidéo depuis son appartement à Tel Aviv. Contrairement à d’autres talents de son âge, sa célébrité, jusqu’à présent, est totalement dépourvue de ses attributs habituels : pas de premières sur tapis rouge, ni de calendrier de voyages époustouflant ou de regards indiscrets de la presse people sur sa vie personnelle. Pour l’heure, Shira reste à la maison, et regarde son étoile se lever alors que le monde s’arrête. “C’est bizarre, parce que quand je sors maintenant je porte un masque, les gens ne voient que mes yeux et ils commencent à regarder de plus près, mais ils n’ont pas le temps pour faire le lien, ajoute-t-elle. Je pense que le fait de me rendre compte du succès de la série tout en restant à la maison m’a en quelque sorte aidé à gérer tout ça. J’ai pu en profiter simplement au lieu de me laisser déborder.”


Finalement, une fois que l’industrie cinématographique et télévisuelle fera son retour triomphant, il ne fait aucun doute que Shira aura des options sur de futurs rôles principaux. Lorsqu’on lui demande avec qui elle aimerait collaborer, sur grand et petit écran, elle est visiblement mise à l’épreuve par le poids des possibilités. “C’est une liste sans fin, s’exclame-t-elle. Une question tellement impossible pour un acteur !” Elle énumère néanmoins des noms de femmes comme Sofia Coppola, Cate Blanchett et Meryl Streep, le genre de femmes fortes qui savent que le jeu n’est pas que la lecture d’un scénario. Comme elles, Shira Haas devient le personnage, tout en restant profondément consciente du travail à faire au-delà du rôle. Lorsque les créateurs d’Unorthodox lui ont demandé de se raser la tête pour montrer le moment crucial de transformation dans la vie d’une femme juive orthodoxe mariée quand elle commence à porter une perruque sheitel pour se couvrir la tête, Shira s’est pleinement impliquée dans la scène, mélangeant son sourire de jeune mariée à des larmes étouffées déchirantes à l’instant où passe le rasoir. Au moment de notre conversation, ses cheveux repoussent toujours.

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Avant le tournage, Shira passe du temps à se connecter avec son personnage. Elle amasse playlists, poèmes, images, analyses psychologiques et autres éléments d’inspiration qui finissent par être collés aux murs de son salon. “Je suis une nerd, j’aime faire des recherches et apprendre”, confie-t-elle. Actuellement, on y voit une capture d’écran de Claire Fisher dans la longue série HBO Six Feet Under s’exclamant “Flash info, d’autres personnes existent !”... Et une image floue de Marilyn Monroe donnant un coup de pied dans un ballon de foot... ou encore une petite coupure de presse où on lit simplement “Darling, tu es différente.” Dans son décor, on trouve aussi des choses plus frivoles, y compris un portant de vêtements et de robes sélectionnés pour les premières d’Unorthodox, ainsi que d’Asia, un film indépendant réalisé par Ruthy Pribar qui a valu à Shira le prix de la meilleure actrice lors du festival du film de Tribeca, digital cette année. “Le jour, je porte principalement des tenues simples, confortables, c’est pourquoi j’aime beaucoup les événements exceptionnels, les soirées où l’on s’habille”, dit-elle, et bien qu’elle continue de soutenir les designers locaux et les magasins au sein de sa communauté de Tel Aviv, tout comme pour sa carrière, sa vision de la mode est devenue drastiquement plus globale. “Pour ce qui est de la mode internationale, j’adore Louis Vuitton, McQueen et Chanel bien sûr, qui sont les marques que j’ai eu l’occasion d’essayer récemment”, raconte-t-elle.

En dehors de ses projets gardés secrets pour le moment, il semble que la prochaine fois que le public aura l’occasion de voir Shira sera aux 72e Primetime Emmy Awards où elle prévoit de faire tourner les têtes et d’où elle repartira probablement avec le trophée de la meilleure actrice. 

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