Susie Bick Cave, entretien avec la femme du vampire
“La première fois que j’ai vu Susie, c’était au Victoria and Albert Museum en 1997, elle est arrivée, et toutes les choses qui m’obsédaient depuis des années, des photos de stars de cinéma – Jenny Agutter dans l’eau, Anita Ekberg dans la fontaine, Ali MacGraw dans ses collants noirs, Barbara Eden et Elizabeth Montgomery et Abigail, les compétitions de Miss World, Greta Garbo et Jennifer Jones et les ballerines du Bolchoï et les gymnastes russes, les Naissance de Vénus de Botticelli et Boucher, les jeunes filles à la piscine de Wangaratta allongées sur le béton chaud, toutes les choses entendues, vues, lues et ressenties, Carolyn Jones mourant dans les bras d’Elvis, Jackie O à l’enterrement, la fée Clochette prise au piège dans la porte, les dernières photos de Monroe par Bert Stern, tout le ruissellement incessant de données érotiques, le grand et le petit réunis – sont entrés en collision dans un énorme accident et je suis tombé amoureux d’elle.” C’est ainsi que Nick Cave décrit, dans 20 000 Jours sur terre, un film documentaire qui lui est consacré, son coup de foudre pour le mannequin anglais qui deviendra sa femme. Avant cela, Susan Bick avait déjà fait chavirer bien des cœurs. Née d’un père diplomate, celle qui passa une partie de son enfance au Malawi et au Nigeria est remarquée à l’âge de 14 ans par Steven Meisel lors d’un vol pour New York. Elle commence le mannequinat un an plus tard. Dans les années 90, son physique de Vénus gothique brune aux yeux verts (la rencontre de Jessica Rabbit et Morticia Addams) en fait un top recherché mais discret. David Bailey, Sarah Moon, Guy Bourdin, Helmut Newton et Nick Knight l’immortalisent. Alaïa, Dior, Versace, Saint Laurent et West wood se l’arrachent. Party girl à ses débuts (on la croise aux Bains Douches à Paris), cette proche de Kate Moss et de Bella Freud aimante par sa générosité, son intelligence, sa féminité exacerbée et son charisme si mystérieux.
Photographies par Dominique Issermann
Cet article est actuellement visible dans le numero de mars du Jalouse