Matsuhisa s'installe aux Airelles Saint-Tropez

Quand et comment avez vous voulu devenir chef ? 

J'ai perdu mon père quand j'avais 7 ans, j'ai donc été élevé par ma mère et ma grand-mère. Un jour, vers mes 12 ans, mon grand frère m’a emmené dans un restaurant de sushis. À l’époque, ce genre d'endroit n'était pas très populaire, et surtout réservé à l’elite du pays. Je me suis assis au bar, devant le chef qui préparait un par un les sushis. L'énergie de l'endroit m’a immédiatement plu. Depuis ce jour là, un rêve était né en moi : je savais qu'un jour, je serais chef.

Après le Japon, vous êtes parti au Peru, en Argentine puis à Los Angeles. Qu’est ce qui vous a amené à quitter votre pays d’origine ? 

Un autre de mes rêves était de vivre des experiences en dehors de mon pays comme l’aurait souhaité mon père. Pendant ma formation de chef à Tokyo, un client régulier du restaurant où je travaillais était originaire du Peru. Il m’en parlait souvent. Un jour il m’a proposé d’ouvrir un restaurant avec lui la-bas, alors je n’ai pas hésité une seconde. L’aventure a duré 3 ans, puis nos chemins se sont séparés et je suis parti ouvrir un nouveau restaurant en Argentine. Un an plus tard, ma femme est tombée enceinte, et les affaires n’étaient pas bonnes, nous avons donc décidé de rentrer au Japon. Je n’avais pas envie de mettre fin à mon rêve de vivre dans un autre pays et j’étais convaincu qu’il fallait que j’essaye une dernière fois. Quelqu’un m’a parlé de l’Alaska, j’ai donc décidé de m’y rendre pour ouvrir un nouveau restaurant qui a pris feu au bout de 50 jours. J’ai vu sous mes yeux mon rêve partir en fumée… Je suis reparti au Japon déprimé, avec des pensées suicidaires. Heureusement, ma femme et mes enfants étaient là pour me redonner espoir et confiance en la vie. C’est une époque très sombre de mon histoire, puis la chance a enfin sonné. Un ami m’a appelé pour le rejoindre à Los Angeles, je suis parti avec 25 dollars en poche et un sac à dos, et puis je crois que vous connaissez la suite !

Comment la collaboration entre vous et les Airelles Chateau de la Messardière s’est produite ?  

J’ai rencontré le propriétaire des Airelles avec qui je me suis tout de suite très bien entendu. Pour moi, la confiance et l’entente sont des critères primordiaux pour une bonne collaboration. Le Chateau de la Messardière est un endroit mythique de St Tropez, ouvrir un restaurant Matsuhisa ici avait du sens et je suis très fier et heureux de faire partie de cette aventure culinaire, mais aussi humaine. La vue ici est à couper le souffle. 

Vous utilisez toujours des produits locaux dans les différents lieux où vous vous implantez, lesquels allez-vous utiliser ici à Saint Tropez? 

Des poissons frais et les légumes colorés de la Méditerranée. 

Quel est votre plat préféré en dehors de la cuisine japonaise ? 

Je mange les spécialités culinaires de tous les pays où je vais, je n'ai pas de préférence, mais je ne mange rien d’étrange comme les insectes ou les serpents!  

Qui inviteriez-vous pour un diner idéal ? 

Je vous inviterais déjà vous ! Plus serieusement, aucune célébrité en particulier, juste mon père et ma mère s'ils étaient toujours en vie. 

Vous êtes l’incarnation du rêve americain, quelle recette donneriez-vous pour atteindre ses rêves? 

Toujours faire de son mieux, être ponctuel, passionné, hautement motivé et s’entourer d’une bonne équipe.

Avez-vous un restaurant préferé Matsuhisa ? 

Le premier que j’ai ouvert en 1987, à Beverly hills, reste celui qui raconte mon histoire et qui est le plus cher à mon coeur. 

Des projets pour le futur ? 

Pas spécialement, je fais simplement toujours de mon mieux, à chaque instant. Je vis le moment présent avec rigueur et passion, en restant ouvert aux nouvelles pportunitées.