French Riviera

À ne pas manquer : “Le Modulor du basketball” de Daniel Arsham, au MAMO

Rendez-vous incontournable cet été à Marseille sur le rooftop le plus fascinant de la Riviera, au MAMO crée par Ora Ito, le Centre d’art de la Cité radieuse, qui présente “Le Modulor du basketball” de l’artiste new-yorkais Daniel Arsham.

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Chaque été depuis sa création en 2013 par le visionnaire designer et architecte Ora Ito sur le toit de l’Unité d’Habitation de Le Corbusier à Marseille, le MAMO propose à un artiste majeur de se confronter à ce bâtiment iconique en créant une installation spécifique. Chaque exposition, pensée in situ, est ainsi inédite et offre un point de vue renouvelé et singulier du site. Rencontre au sommet avec l’artiste du futur Daniel Arsham.

L’OFFICIEL RIVIERA : Votre exposition qui démarre cette semaine s’intitule “Le Modulor du basketball” au MAMO. Pouvez-vous décrire vos œuvres ?

DANIEL  ARSHAM :  L’exposition prend place à la Cité radieuse conçue par Le Corbusier, qui est un immeuble résidentiel sur le toit duquel se trouve le Centre d’art MAMO, à l’origine un gymnase pour les habitants du bâtiment. J’ai aménagé une sorte de terrain de basket reprenant toutes les influences et le design qui ont inspiré Le Corbusier. Il avait une obsession pour le soleil, son passage sur le bâtiment. J’ai trouvé un dessin original que j’ai transformé en graphique imprimé sur le terrain de basket. J’ai également ajouté un panier de basket inspiré par la Main ouverte de Le Corbusier, installée à Chandigarh, la ville qu’il a conçue en Inde. J’ai aussi réinterprété le Modulor, son homme modulaire qui est un moulage droit gravé à l’extérieur du bâtiment. L’homme modulaire était un diagramme proportionnel destiné à comprendre la forme humaine par rapport à l’architecture. Et j’ai remarqué que cette image ressemblait beaucoup à Michael Jordan, alors j’ai en quelque sorte combiné les deux. J’ai également réinterprété les chaises LC2 et LC4, que j’ai transformées en supports de basket-ball.

L’OR : Ce n’est pas votre première œuvre autour du basket, pouvezvous nous expliquer votre passion pour ce sport, le jeu et l’objet ?

DA :  Le basket-ball occupe une place prépondérante dans mon travail. Je suis actuellement directeur créatif des Cleveland Cavaliers et également propriétaire de l’équipe de ma villa natale. Et, vous savez, j’aime le basket en général, je pense que c’est l’un des sports américains les plus intéressants et les plus divertissants. Cela touche également beaucoup de cultures différentes aux États-Unis et dans le monde. C’est quelque chose que tout le monde ressent.

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DANIEL ARSHAM avec Gry Selenite Eroded Le Modulor du Basketball Hoop, 2022, et Le Modulor Championship Banners, 2022
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DANIEL ARSHAM avec Gry Selenite Eroded Le Modulor du Basketball Hoop, 2022, et Le Modulor Championship Banners, 2022

L’OR : Vous aimez l’architecture, vous codirigez d’ailleurs un bureau d’architecte appelé Snarkitecture. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cet hommage rendu au grand architecte Le Corbusier ?

DA :  Le Corbusier, je l’ai beaucoup étudié à l’école. C’était un architecte qui avait un sens très aiguisé des matériaux et qui était révolutionnaire dans son utilisation du béton et de la couleur, et c’était aussi un artiste. La plupart du temps, quand je fais des expositions, c’est dans un espace vide comme un musée, sans contexte, mais là, le Centre d’art est dans un espace qui est très spécifique et c’est fantastique de pouvoir jouer avec !

L’OR : L’installation est ambitieuse, vous avez utilisé d’immenses grues pour monter de grandes sculptures en bronze sur le toit, des sculptures antiques et contemporaines volant dans le ciel de Marseille…

DA : Oui, c’est l’autre partie de l’exposition, ces grands bronzes à patine verte Tiffany avec des cristaux polis, ils appartiennent à deux époques différentes, une contemporaine et l’autre ancienne. L’un représente une DMC DeLorean, qui vient du film Retour vers le futur, et les deux autres sont des Vénus du xix e siècle sculptées par Antonio Canova que j’ai refaites surdimensionnées et à l’échelle. Le toit de ce bâtiment est en béton, très austère, donc vous avez le bleu du ciel, le gris du béton, et cette

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DANIEL ARSHAM Bronze Eroded Delorean 1:2, 2022
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DANIEL ARSHAM Bronze Eroded Delorean 1:2, 2022

“LE CORBUSIER, je l’ai beaucoup étudié à l’école. C’était un architecte qui AVAIT UN SENS TRÈS AIGUISÉ DES MATÉRIAUX et qui était RÉVOLUTIONNAIRE dans son utilisation DU BÉTON ET DE LA COULEUR.”

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DANIEL ARSHAM avec l’installation Le Modulor Basketball Court, 2022 Acrylic Blue Calcite Eroded Basketball Lounge Chair Rack, Ash and Pyrite Eroded Basketball Arm Chair Rack, et Le Modulor Championship Banners, 2022

L’OR : Vous avez récemment collaboré avec de nombreuses marques de luxe du groupe LVMH, Rimowa, Dior et Tiffany & Co. Haute couture ou joaillerie et basket : comment avez-vous trouvé une connexion entre ces mondes ?

DA :  J’ai travaillé avec de nombreuses marques différentes, Dior notamment, avec Kim Jones. Nous avons créé un ballon de basket pour le défilé du printemps-été 2020. C’était un ballon de basket Dior en cristal érodé, suivant le concept de mon archéologie fictive qui réinvente des objets contemporains comme s’ils avaient été trouvés dans le futur.

L’OR : Vous avez toujours utilisé la couleur turquoise, proche du Tiffany Blue. Était-ce une connexion immédiate avec Tiffany & Co ?

DA :  Le projet le plus récent que j’ai fait avec Tiffany était un bracelet, le bracelet nœud qui était logé dans une boîte Tiffany mais que j’ai refondue en bronze. Et la patine que j’utilise dessus, ironiquement, s’appelle patine Tiffany. Il y avait donc un lien entre les deux.

L’OR : Dans l’exposition, on voit des banderoles, un drapeau, une tenue sportive, vous aimez travailler le textile ?

DA :  Les bannières de l’exposition font référence à celles que vous pourriez trouver dans un gymnase de lycée. Mais je les ai modifiées, j’ai mis des images qui rappellent vaguement Le Modulor de Le Corbusier, et les noms de championnats ont été remplacés par les différents emplacements de l’Unité d’Habitation et les années de leur construction.

L’OR : Vous venez de lancer votre propre marque, Objects IV Life. Une collection pointue façon looks d’artiste, avec pour pitch “une garde-robe d’uniformes pour un art de vivre créatif”. On y trouve notamment une version de la veste “bleu de travail” et une paire de chaussures à embout d’acier.

DA :  Objects IV Life est une nouvelle marque que j’ai lancée récemment. J’ai beaucoup collaboré avec la mode, et beaucoup de mes amis travaillent dans cette industrie. Ça a été une belle expérience pour moi de réinterpréter les matériaux. Beaucoup des tissus que nous utilisons sont des invendus, donc des choses qui existaient déjà. Tout est fabriqué à partir de matériaux recyclés. Les boots que nous avons fabriquées ont un embout en acier qui n’est pas traité, de sorte qu’il rouille avec le temps.

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DANIEL ARSHAM porte Objects IV Life devant son oeuvre Bronze Eroded Venus Italica, 2021

“J’AIME L’IDÉE QUE le médium EST MOINS IMPORTANT QUE LE CONCEPT, et que nous pouvons travailler dans L’ARCHITECTURE, L’ART, LA MODE, LA PHOTOGRAPHIE, le design automobile ou LE MOBILIER. C’EST UNE MANIÈRE DE TOUCHER différents publics.”

L’OR : Pour créer votre marque, vous vous êtes associé à Tomorrow et au génie de la mode Stefano Martinetto. Comment cette collaboration est-elle née ?

DA :  Stefano Martinetto, je l’ai rencontré par l’intermédiaire de Samuel Ross, qui nous a présentés. Stefano a travaillé pour Helmut Lang et Raf Simons et il était très enthousiaste sur ce projet, le fait qu’une marque puisse être créée à travers ma vision de la conception des vêtements. Lui avait les capacités de production, les bons partenaires, et il était prêt à faire un pas supplémentaire avec moi pour découvrir comment réaliser mes vêtements et objets.

L’OR : Vous êtes à la fois un artiste académique à succès, mais aussi une puissance créative qui représente la culture populaire d’aujourd’hui. À quel artiste vous identifieriez-vous ?

DA :  À quels pairs m’identifierais-je… Samuel Ross me vient à l’esprit. Et aussi, certainement, mon bon ami, qui nous a quittés l’année dernière, Virgil Abloh, qui a été une source d’inspiration, nous travaillions ensemble sur de nombreux projets. Il a souvent écrit sur mon travail et a même écrit l’introduction de mon dernier beau livre, publié par Rizzoli. J’aime l’idée que le médium est moins important que le concept, et que nous pouvons travailler dans l’architecture, l’art, la photographie, la mode, le design automobile ou le mobilier. C’est une manière de toucher différents publics.

L’OR : L’été est là. Quels sont vos projets ?

DA :  Je vais voyager entre l’Europe et les États-Unis. Évidemment je vais revenir voir mon exposition à Marseille. En mai, j’étais à Monaco pour le Grand Prix où j’ai collaboré avec Lewis Hamilton sur la conception de son casque de course. Cet été j’irai à Mykonos pour une exposition à la Simple Gallery, et il y aura aussi une collection d’objets là-bas. Et puis je serai à Saint-Barth, à l’Eden Roc.

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DANIEL ARSHAM avec Ash and Pyrite Eroded Basketball Arm Chair Rack , 2022
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DANIEL ARSHAM avec ORA-ITO et Blue Calcite Eroded Basketball Lounge Chair Rack, 2022
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DANIEL ARSHAM Le Modulor du Basketball Team Uniforms I & 2, 2022

Daniel Arsham “Le Modulor du basketball”, exposition jusqu’au 25 septembre 2022 MAMO Centre d’art de la Cité radieuse Unité d’Habitation Le Corbusier 280, boulevard Michelet 13008 Marseille.

Du mercredi au dimanche, de 11h à 18h.

Mamo.fr @marseillemodulor #MarseilleModulor

Danielarsham.com @danielarsham

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Interview PHILIPPE COMBRES

Photos JAMES LAW

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