Cyril Benzaquen : "L'image et le cérémonial de combat jouent un rôle clé chez le boxeur"
Pouvez vous rappeler les grandes lignes de votre parcours à nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore?
Je suis sportif de haut niveau en Kickboxing, quatre fois Champion du Monde. Parallèlement à mon parcours sportif, je suis entrepreneur dans mon sport au-delà des cordes: En effet, je suis producteur d’événement sportifs comme la soirée que nous avons mise en place avec mon équipe le 13 Juin dernier, et dans laquelle je défendais mon titre de Champion du Monde. Mon parcours d'entrepreneur fait suite à mes études menées en parallèle de ma carrière d’athlète, où j’ai été diplômé à Dauphine d’un Master 2 en Marketing Entrepreneuriat.
Dans quelles circonstances avez vous découvert la boxe, et comment la passion du Noble Art s’est t-elle imposée à vous?
Assez simplement. J’avais envie de tester un sport de combat, et dès l'âge de 14 ans j’ai découvert la boxe thaï à Chatillon. J'avais pour professeur Aurélien Duarte, ancien immense champion.
Après quelques cours, la passion s’est si vite faite ressentir que j’ai demandé à mon père d’acheter un sac de frappe pour m’entrainer à la maison en plus de la salle. J'ai commencé à rêver tout simplement de la carrière que je souhaitais construire, et avec beaucoup de travail les résultats ont commencé à apparaitre au fil du temps, Champion de France, amateur, espoir, élite, professionnel puis l’Europe et le Monde !
La boxe véhicule de nombreux clichés, et se voit souvent associée à la violence et la délinquance alors qu’elle repose en fait sur des valeurs éthiques et un profond respect de l’adversaire. Comment expliquez-vous cela?
La boxe est un sport populaire, une discipline sans barrière à l’entrée qui ne nécéssite pas de coûts importants, elle est accessible à tous.
Par conséquent, ce sport a d’abord émergé dans les banlieues. C'est seulement au travers des réussites des champions français que les valeurs de ce sport se sont fait connaître du grand public et ont pris le dessus sur les clichés existants. C’est ainsi qu’aujourd’hui, de nombreuses salles parisiennes ultra chic proposent des cours de boxe à leurs adhérents, et c’est d’ailleurs devenu tendance de dire « je fais de la boxe ».
Je pense que ces clichés existent par manque d’intérêt et de connaissance avant tout: c’est un sport de contact et de combat qui implique au premier abord une certaine violence. Mais quand on s’intéresse de plus près à la discipline et ses subtilités, on comprend qu'il s'agit d'un affrontement dans les règles, où des athlètes rigoureux s'affrontent avec respect.
On voit de plus en plus de femmes s’initier à la boxe, notamment grâce aux Victoria’s secret Angels. Est ce que c’est une tendance que vous constatez également à votre niveau professionnel ?
La boxe transporte depuis toujours et stimule l'imaginaire, c'est notamment l'une des raisons pour laquelle cette dernière est très ancrée dans le cinéma. La tendance popularisée par les mannequins s'explique de façon assez simple: La boxe en général, et d'autant plus le Kickboxing font travailler les jambes et les bras, et permettent un développement harmonieux des membres et des capacités physiques, puisque l’on y travaille le haut et le bas du corps en plus du cardio.
Parallèlement, l’aspect combat forge le caractère et permet aussi bien de vider son esprit que de le remplir de confiance et de nouveaux mécanismes inconscients. Les vertus de la boxe sont nombreuses, aussi bien sur le plan physique, émotionnel que mental.
La cerise sur le gâteau? La boxe est une discipline visuelle, très prisée de la génération Instagram, c’est une belle mise en abyme que de poser en boxant, même pour un débutant.
Quel conseil donneriez vous à quelqu’un qui souhaite s'initier à la Boxe?
Je lui conseillerais de choisir une belle tenue avant tout, et je l'inviterais donc naturellement à s’équiper chez Everlast! (il rit)
Pour un néophyte, il y a différents lieux où pratiquer à Paris suivant les bénéfices recherchés. Certains clubs sont plus orientés sur l’aspect physique de la boxe, d’autres davantage sur la technique. Enfin, certains lieux plus authentiques et traditionnels proposent un peu de tout, et mixent les disciplines.
La mode semble également occuper une place importante dans votre approche sportive. Quel rôle joue le vêtement lorsqu’on est au cœur même d’un combat?
C'est vrai que l’image du boxeur est fondamentale et joue rôle clé. Dans le cérémonial de combat, l’entrée annonce la couleur et permet souvent de lire la personnalité du boxeur.
Pour ma part, j’aime la mode dans la vie, donc je l’aime aussi sur le ring. En 2015, j’ai eu la chance de collaborer avec Jean-Paul Gaultier qui m’a habillé pour plusieurs combats. J’ai porté un short et un peignoir haute couture qui'il avait confectionné en 2011 pour un défilé autour de la boxe, deux pièces uniques d’archive; c'est une collaboration dont je suis très fier. Lors du Championnat Du Monde le 13 Juin dernier, j’ai pu porter un sublime peignoir haute couture réalisé par deux brillants amis couturiers passés par l'une plus prestigieuses maisons de couture à mon sens.
Cette tenue incarnait parfaitement mon identité, elle me ressemblait: sobre, noire, avec sa capuche qui rappelait mon caractère plutôt reservé hors caméra. Je dois dire que l’entrée dans cette tenue était vraiment mémorable, après coup j’avoue que j'ai plaisir à revoir les images.
Votre routine bien-être et forme lorsque vous vous préparez à une compétition importante?
Je me lève vers 8h30-9h. Je bois un jus de citron avec de l’eau chaude au réveil, puis je prends mon petit déjeuner. Je fais ensuite mon entrainement du matin, généralement un entrainement physique, puis le soir une nouvelle session de boxe. Le samedi, j’ai un programme de fractionné piste avec de la course rapide au stade, et c’est de loin l’entrainement le plus dur physiquement.
L'aspect psychologique est déterminant dans tous les sports de haut niveau, et tout particulièrement dans la boxe. Comment vous préparez-vous mentalement au combat, et quelles sont vos solutions pour gérer la pression?
Merci pour cette question essentiellle. En effet, même avec la meilleure préparation au monde, si le mental ne suit pas, la performance ne sera pas au rendez vous. Personnellement, les revers que j’ai connu étaient de cet ordre là. C’est pourquoi il y a quelques années j’ai consulté une psychologue du sport, et mon premier entraineur Aurélien Duarte est aussi préparateur mental.
Pour ce championnat du monde, j'étais accompagné par mon entraineur Alain Zankifo qui prend aussi en compte les éléments psychologiques dans ma préparation. Nous échangeons beaucoup pour déverrouiller les éventuels freins mentaux. Comme l’enjeu était de taille, j’ai aussi fait appel à un préparateur mental, Michael Boulanger avec qui nous avons travaillé sur de la visualisation du combat en amont. Par exemple mardi 11, nous sommes allé ensemble au dôme de paris pour faire des exercices de visualisation.
J'ai la chance de ne pas être trop anxieux, donc généralement je me détends la veille des compétitions. Par exemple, pour m’endormir tranquillement la veille je regardais des vidéos de Jonathan Cohen!
