Jake Gyllenhaal : "Chaque film, comme chaque expérience de vie, est une leçon"
L’acteur américain nous parle de son dernier film, le remake de “Road House” de Doug Liman, ainsi que de sa relation avec le cinéma et les nombreux réalisateurs qui l’ont dirigé.
Photographe MATTHEW BROOKES
Stylisme MICHAEL FISHER
Pour beaucoup, Jake Gyllenhaal est avant tout l’adolescent schizophrène de Donnie Darko, le film culte de 2001 réalisé par Richard Kelly, dont la bande originale aligne Echo & the Bunnymen, Joy Division et Tears for Fears. Pour d’autres, la co-star (nominée aux Oscars) de Brokeback Mountain d’Ang Lee. Fils d’un scénariste et d’une réalisatrice, et frère cadet de Maggie Gyllenhaal – entrée dans l’imaginaire collectif pour son rôle dans La Secrétaire –, Jake a fait ses débuts au cinéma à l’âge de 10 ans et a joué dans de nombreux films, dont Jarhead de Sam Mendes, Zodiac de David Fincher, Brothers de Jim Sheridan, Night Call, dont il était également producteur, et Nocturnal Animals de Tom Ford. L’année dernière, il a joué dans The Covenant, un film de Guy Ritchie sur la guerre en Afghanistan, et Road House, remake du film de 1989 avec Patrick Swayze, qui vient de sortir aux États-Unis.
L’OFFICIEL HOMMES : Dans Road House, votre transformation physique et vos scènes de combat sont impressionnantes. J’imagine que l’on va beaucoup parler de vos entraînements, comme ce fut le cas pour La Rage au ventre où vous avez pris sept kilos de muscles pour jouer un boxeur. Qu’est-ce qui vous attire dans ce type de film, et de transformation ? Dans quelle mesure l’autodiscipline et la puissance physique définissent-elles votre personnalité ?
JAKE GYLLENHAAL : Je suis très enthousiaste à propos de Road House, de cette réinterprétation du film original emblématique. J’ai voulu faire ce film parce que j’ai été attiré par le sens de l’amusement et de l’espièglerie qu’il contient. J’aime tous les aspects du jeu d’acteur et de la performance, je les ai toujours aimés : émotionnel, physique, avec toutes les nuances que l’on peut trouver entre les deux. Il n’y a pas un aspect qui l’emporte sur l’autre, même si j’aime beaucoup l’activité phyissue. Dès mon plus jeune âge j’ai fait du sport, et j’ai gardé cet enthousiasme, cette excitation de rester en forme autant que possible. J’aime donc jouer des rôles qui me permettent d’aller dans ce sens. Road House m’a donné l’occasion d’approcher les arts martiaux mixtes (un sport de combat complet qui mêle des techniques typiques des arts martiaux, du karaté, de la boxe thaïe, du jiu-jitsu, du judo, et d’autres caractéristiques des sports de combat comme la lutte, la boxe, le kickboxing) et les compétences nécessaires pour devenir un combattant de l’UFC (Ultimate Fighting Championship, organisation américaine d’arts martiaux mixtes, actuellement reconnue comme la plus importante ligue mondiale de ce sport de combat, ndlr). C’est l’une des meilleures parties de mon travail : apprendre auprès d’experts et acquérir des connaissances dans un domaine que je n’aurais jamais imaginé approcher.
L’OH : Comment décririez-vous la mise en scène de Doug Liman ?
JG : Enjouée. Doug est un réalisateur extrêmement gentil et enjoué. C’est un ami très cher, depuis près de vingt ans, et nous avons donc passé un excellent moment. Doug est toujours prêt pour l’aventure et sa mise en scène reflète bien cela. Le film est plein d’amusement, d’humour, un profond sens du jeu.
L’OH : The Covenant, de Guy Ritchie, est sorti récemment. Qu’avez-vous ressenti en travaillant avec lui ?
JG : J’aime Guy, tout simplement. J’aime son approche et son sens de la curiosité pour toutes choses. Il est provocateur, drôle et brillant, tout comme ses scénarios et ses films. Travailler sur The Covenant a été un voyage émotionnel, compte tenu du sujet (le sort des interprètes œuvrant en Afghanistan aux côtés des Américains, ndlr), mais il était important pour nous tous de raconter l’histoire de la bonne manière. Il s’agit d’une
sorte de parabole, d’une histoire sur les meilleurs côtés de chacun d’entre nous, racontée sans sentimentalisme. Le film vous interpelle sur le plan émotionnel, sans tomber dans la sensiblerie.
L’OH : Souhaitez-vous toujours passer à la réalisation ?
JG : Oui. J’ai grandi dans une famille où l’on partageait des histoires. L’histoire a toujours eu la priorité sur tout le reste dans mon travail, et j’adorerais avoir l’occasion de raconter la mienne. Ma sœur est une brillante scénariste et réalisatrice et j’ai été ravi de la voir franchir le pas (avec The Dark Daughter, d’après le roman d’Elena Ferrante, avec Olivia Colman et Dakota Johnson, nda). Je serais honoré d’avoir l’occasion de faire de même.
L’OH : Quels sont les rôles les plus importants de votre carrière ?
JG : Il n’y a pas de hiérarchie entre les rôles ou les films que j’ai joués. Certains ont touché des centaines de millions de personnes, d’autres non, mais ils ont tous la même signification pour moi. Pas tant pour le résultat que pour la vie que j’ai vécue en les réalisant. Chaque film, comme chaque expérience de vie, est une leçon, et j’ai beaucoup appris de chacun d’entre eux, en ayant l’occasion de travailler avec des personnes très talentueuses.
L’OH : Parmi les réalisateurs avec lesquels vous avez travaillé, quels sont ceux avec lesquels vous avez eu le plus d’affinités, ou de qui vous avez le plus appris ?
JG : Tout le monde ! J’adore ma relation avec Doug Liman, Guy Ritchie, Antoine Fuqua, Denis Villeneuve et bien d’autres. Denis et moi avons un lien spécial et sommes constamment en contact. Au fil des années, les réalisateurs sont plus proches de moi en termes d’âge et je pense que cela fait une différence. Mais encore une fois, j’aime vraiment tous les réalisateurs avec lesquels j’ai travaillé.
L’OH : Comment vous préparez-vous pour un rôle ?
JG : Chaque rôle nécessite une préparation différente, mais je pars toujours du scénario. Je le creuse beaucoup pour essayer de trouver des indices, ou des inspirations qui, parfois, me viennent comme par hasard. Lorsque j’ai joué dans Night Call, j’ai lu et relu le scénario, et je n’arrêtais pas de penser aux coyotes qui errent dans les collines de Los Angeles. J’ai grandi là-bas et j’ai vu beaucoup de coyotes chasser la nuit, et c’était une vision dont je ne pouvais pas me défaire. J’ai donc décidé d’utiliser cette idée et de construire le personnage autour. Parfois, c’est aussi simple que de dire : ce personnage est un boxeur, il est temps qu’il apprenne à boxer ! Je laisse généralement le rôle venir à moi, et, pas à pas, je finis par le rencontrer tout à fait, avec le réalisateur et tous les merveilleux chefs de départements qui nous accompagnent. J’ai notamment eu le plaisir de travailler avec Donald Mowat, un maquilleur fantastique, sur de nombreux films, et il m’a beaucoup aidé à comprendre les personnages. Je me souviens que nous avons échangé des idées sur les tatouages pendant des mois avant de tourner Prisoners.
GROOMING Kumi Craig @ THE WALL GROUP
PRODUCTION Thuy Tran, Greta Westcott, Louis Guillemain @ 2B MANAGEMENT
PHOTO ASSISTANT Ivory Serra, Matchull Summers e Arden Core
DIGITAL TECH Zoran Jelenic
STYLIST ASSISTANT Brodie Reardon