Qui imagine les montres les plus chères du monde ?
On vous a surnommé Jacob the Jeweller. Aujourd’hui vous êtes reconnu comme un horloger d’exception. Artiste, visionnaire sont également des mots qui reviennent souvent lorsqu’on parle de vous. Si on devait choisir un seul mot ou adjectif, comment aimeriez vous qu’on vous qualifie?
Visionnaire me plait. Je suis également très intuitif et j’ai le privilège de pouvoir décider de tous les aspects de la création d’un produit. Ma vision me guide énormément et est encore plus importante dans un domaine tel que l’horlogerie où les contraintes techniques peuvent réduire celle de mes partenaires.
Ce qui caractérise votre maison est certainement cette capacité à repousser les limites de l’imagination. D’où vous vient ce goût pour l’extraordinaire, voire même pour l’extravagance?
J’ai fait un stage de photographie à 14ans qui a été très formateur. J’ai aiguisé mon œil et mon goût pour l’exceptionnel. Il suffit de savoir regarder et vous verrez de l’exceptionnel partout autour de vous !
Vous avez commencé très jeune, à 16 ans comme apprenti. Soit deux ans après votre arrivée aux Etats-Unis. Imaginiez vous déjà à l’époque que vous connaitriez un destin aussi exceptionnel?
Je savais que j’allais réussir parce que je n’avais pas le choix. A l’époque je réalisais que j’étais manuel et créatif, c’est la raison pour laquelle je me suis orienté dans le domaine de la joaillerie.
Vous vous êtes tout d’abord fait un nom dans la haute joaillerie. Puis à partir de 2002, vous vous intéressez à l’horlogerie, d’abord avec des modèles à quartz, puis avec des modèles mécaniques de plus en plus sophistiqués, en 2013 notamment avec le lancement d’Epic X et Epic SF24. Qu’est ce qui a déclenché chez vous cette fièvre horlogère qu’on devine de plus en plus ardente?
J’ai toujours aimé l’horlogerie, et mes clients ont commencé à me demander de faire des montres pour eux. Mes premiers pas dans l’horlogerie n’ont pas été simple, lors de mes premières visites à Bâle personne ne voulait travailler avec un joaillier de New York inconnu en Suisse, j’ai donc commencé avec des mouvements simples mais un design très fort. Et puis, comme vous l’avez souligné je suis un homme de défis, ce goût de dépasser les contraintes techniques et de ne pas abdiquer devant les refus me motive, à chaque succès mon désir d’aller plus loin se fait plus ardent.
La philosophie qu’implique la création de joyaux et de montres est-elle très différente? Vous procure-t-elle les mêmes plaisirs?
Ce sont deux domaines que je traite de façon indépendante. La création horlogère requiert beaucoup de précision et est très technique. Les délais beaucoup plus longs qu’en joaillerie : plusieurs mois voir année de création entre le R&D jusqu’au produit final sont très frustrant pour moi mais ils me rendent également encore plus fier lorsque j’ai la première pièce en main !
Je me rappelle de l’édition 2014 de Baselworld, tout le monde ne parlait que de votre montre Astronomia Tourbillon. En terme très élogieux et admiratif. J’ai eu l’impression que vous aviez vraiment stupéfié la profession avec ce tourbillon gravitationnel à trois axes qui, il est vrai, était vraiment révolutionnaire. Peut on dire que cette date a marqué un tournant dans la perception que la profession avait de votre capacité à produire des modèles inouïs?
Absolument. L’Astronomia Tourbillon Trois Axes a marqué un tournant dans la perception de Jacob&Co dans l’industrie horlogère. L’excellence de cette grande complication tient au fait que son mécanisme spectaculaire est présenté avec une vision 360 degrés.
D’une manière plus générale, quelles sont les dates que vous considérez comme les plus marquantes de votre carrière?
Ma carrière a commencé très jeune… une date marquante est l’année 1986 – je vendais mes lignes de joaillerie et gagnais alors mon 1er million. Quelle adrénaline… J’ai pu grâce à cela fonder ma première boutique, qui a marqué le début d’une incroyable aventure. J’avais 21ans.
Avec l’Astronomia Sky, vous vous intéressez au temps cosmique, avec la billionaire vous battez des records en proposant une montre dotée de 260 carats. La montre Opera séduit par sa mélodieuse utilisation de la musique. D’où vous vient l’inspiration?
Je ne veux rien faire comme les autres. Mon souhait est de créer des pièces de conversation. J’aime provoquer des émotions et voir les visages de mes clients s’illuminer lorsqu’ils passent mes montres au poignet.
Pensez vous à une personne ou un client (homme ou femme) en particulier lorsque vous créer un modèle?
Je crée un lifestyle – je ne crée que des pièces que j’aimerais porter et voir portées par mes proches.
Vos modéles ont eté portés par un nombre hallucinant de personnalités. Toutes les grandes stars ont succombé à vos créations. Des Beckham à 50 cents, de Mariah Carey à Kim Kardashian en passant par Madonna, Beyonce et Jay-Z. Quelle personnalité vous reste-t-il à séduire?
Je suis très flatté d’avoir pu séduire ces personnalités hors du commun mais vous savez les célébrités sont très exigeantes; et il faut surtout réussir à continuer à les surprendre pour ne pas être la star d’un seul tapis rouge.
Quels sont vos modèles? Qui vous ont le plus inspiré dans votre carrière?
Mon père.
Aujourd’hui, que vous reste-t-il à accomplir?
J’ai encore tellement de choses en tête, ce n’est que le début. Comme je me plait à le dire : “Sky is not the limit”!