Tommy Hilfiger : “Nous avons beaucoup de fans chez les millennials"
On peut compter sur Tommy Hilfiger pour faire le show. Lieu mythique – le Théâtre des Champs- Élysées –, casting historique, atmosphère jubilatoire... l’Américain a donné un defilé mémorable à Paris, le 3 mars dernier, poursuivant sa déjà longue série de défilés opératiques sur fond de Diana Ross. Souvenons-nous... En septembre 2016, sur les quais de South Street Seaport à New York, Tommy Hifiger entrait dans l’ère du “See Now Buy Now” en même temps qu’il inaugurait sa collaboration avec Gigi Hadid. Les invités prenaient place dans une grande rue et entre deux stands de donuts, dans une ambiance de fête foraine plus vraie que nature. Suivraient des shows toujours plus spectaculaires, de Los Angeles à Shanghai, dont un passage remarqué par la légendaire salle de concert londonienne, The Round House.
Près de trois ans plus tard, le golden boy compte parmi les seuls créateurs à avoir su pérenniser le modèle économique du “See Now Buy Now”, “Tommy Now” pour les intimes. “Notre clientèle ne veut pas attendre six mois pour acheter les vêtements qu’elle a vus défiler, nous expliquait-t-il la veille de son défilé parisien. Elle veut voir et acheter. Un défilé se doit, aujourd’hui, d’être une véritable expérience, dynamique et à part entière.” À peine ont-elles foulé le podium que les collections Tommy Hilfiger sont déjà disponibles à l’achat en ligne et dès le lendemain en boutique. De quoi satisfaire une génération Y que le designer considère comme son plus grand public. “Nous avons beaucoup de fans chez les millennials, précise-t-il. J’ai constaté que les stars du petit ou du grand écran, les artistes, les activistes même, soit une grande part des talents d’aujourd’hui, appartiennent à cette génération. Celle-ci se lève pour ce en quoi elle croit.”
Star des deux écrans, artiste polymorphe... Zendaya donne raison au designer. À 22 ans, l’Américaine succède à Gigi Hadid au poste prisé de “creative partner” du label. Un concept que Tommy Hilfiger a créé au même titre que le modèle du “Tommy Now” : “Je n’aime pas parler d’ambassadrice de marque. Être ambassadrice, pour moi, c’est se tenir devant une caméra et être à l’ombre d’un logo. Être partenaire créatif, en revanche, c’est nouer une relation intime et de confiance autour d’un même projet.”
Originaire d’Oakland (Californie), de racines afro-américaines mais aussi allemandes et écossaises, Zendaya a débuté enfant sa carrière d’actrice dans une publicité pour jouet. Le monde du music-hall lui fait les yeux doux et, après une poignée de performances dans des comédies musicales et des clips – dont I’m Gonna Arrive de Sears Commercial –, elle est repérée par Disney. Shake It Up, la série estampillée Disney Channel dont elle tient le rôle titre, en fait une millionnaire à l’âge de 14 ans. Neuf ans et quatre longs-métrages plus tard, la Michelle Jones de Spider-Man: Homecoming compte 55,3 millions d’abonnés sur Instagram et un premier album, éponyme, sorti en 2013. Elle s’essaie maintenant au stylisme après avoir assis sa réputation dans la comédie, le mannequinnat, la danse et le chant.
“Zendaya est arrivée avec une foule d’idées, raconte Tommy Hilfiger : une playlist, un casting... et surtout une inspiration – les années 1970 et plus précisément The Battle of Versailles.” L’événement- défilé, qui eut lieu en 1973 au théâtre Gabriel du château de Versailles, véritable joute créative à dessein caritatif, opposa cinq couturiers français à cinq couturiers américains. Parmi eux ? Oscar de la Renta mais aussi Anne Klein, assistée de Donna Karan. À noter que des supermodèles de toutes origines y avaient trusté les planches : Bethann Hardison, China Machado mais aussi Pat Cleveland. Transgénérationnel, transculturel, le défilé 2019 a donc fait de nombreux clins d’œil au defilé historique. Présente quarante-cinq ans plus tard au Théâtre des Champs-Élysées, Pat Cleveland, le mannequin-muse, était là, concrétisant le parallèle voulu par Zendaya.
Découvrez la suite de "Et c'est parti pour le show" dans le prochain numéro de Jalouse.