Pop Culture

Faut-il aller voir "A Star is Born" ?

C’est au cœur de l’Amérique profonde que Lady Gaga se révèle en grande actrice dans A Star is Born de et avec Bradley Cooper. Une nouvelle version du classique hollywoodien.
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Exit les perruques façon diva poudrée de la coterie de Marie-Antoinette, les prothèses qui lui donnent un air d’Alien et la robe en viande crue pour mettre en boîte la concurrence (c’est-à-dire les tenues de scène d’Elton John ou Cher). Lady Gaga enlève tout, ou presque, pour redevenir Stefani Joanne Angelina Germanotta : celle qui galérait de bar en bar et harcelait les patrons de salles, n’hésitant pas à téléphoner en se faisant passer pour sa manageuse et booker des dates de concert. L’inconnue qu’elle a été avant de se rebaptiser Lady Gaga est presque un double d’Ally, la serveuse dans un bar gay que découvre, dans A Star is born, la star de country lessivée Jackson Maine (Bradley Cooper), un soir qu’il court après un dernier Jack Daniel’s. Ils tombent amoureux, il la propulse sur le devant de la scène et fait d’elle une star, jusqu’à ce qu’elle l’éclipse et qu’il sombre corps et bien. On connaît la chanson, puisqu’il s’agit de la quatrième version d’Une étoile est née, sans compter les variations plus ou moins avouées (The Artist, La La Land). 

Ce n’est pourtant pas à la plus fameuse que Bradley Cooper rend hommage (celle de 1954, signée George Cukor avec Judy Garland), mais bien à celle de 1976 avec Barbra Streisand en serveuse au maillot de corps taché et Kris Kristofferson en cow-boy poète, tout droit sorti d’un western crépusculaire. Flanqué de son manager moustachu, une parfaite doublure du Marlboro Man, Cooper traîne lui aussi son Stetson et sa mélancolie le long d’autoroutes sans fin et dans des stades remplis de rednecks. Là, son groupe entonne des chansons écrites par Lukas Nelson, le fils de la légende de Nashville, Willie Nelson.

Quant à Lady Gaga dans le rôle d’Ally, elle ne se prive pas de révéler combien les hommes dans l’industrie de la musique lui barrent le chemin vers la gloire, en raison de son grand nez, un clin d’œil direct à celui de Barbra Streisand. Tout l’intérêt de cette nouvelle version d’A Star is Born réside dans la tension entre Ally qui s’affirme et vogue vers le succès en imposant ses compositions finalement très Lady Gaga (de l’électro/RnB et des danseurs survoltés), et la mise en scène plus conservatrice que livre Cooper de ce récit de paillettes, de glamour et d’illusions. À l’évidence, l’acteur/réalisateur, dont American Sniper demeure le plus grand succès, souhaite retrouver le public du film de Clint Eastwood : celui des Red States. Quant à Lady Gaga, en attendant les Oscars, elle débutera en décembre une résidence de deux ans à Las Vegas.

A Star is Born, de et avec Bradley Cooper, avec aussi Lady Gaga, Sam Elliott. Sortie le 3 octobre.  

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