Pop Culture

Perrier-Jouët enchante Design Miami

Pour la septième année consécutive, Perrier-Jouët a posé sa vision poétique au cœur de la foire Design Miami (5-9 décembre). Aux manettes de cette édition : qui mieux que l’artiste britannique Bethan Laura Wood pouvait incarner le nouveau manifesto de la Maison de champagne ? Rien moins qu’un “Art of the Wild”, ou lorsque la nature vivante et vibrante, affranchie de ses entraves reprend ses droits et impose sa voix ! L’artiste et Axelle de Buffévent, directrice du style, nous éclairent sur ce monde joyeux et libre.

AXELLE DE BUFFEVENT
DIRECTRICE DU STYLE DE PERRIER-JOUËT

L’OFFICIEL : Comment l'image de la Maison Perrier-Jouët, depuis le motif initial de l’anémone créé par Emile Gallé, a-t-elle évolué ces dernières années pour atteindre son manifesto, “Art of the Wild” ?

AXELLE DE BUFFEVENT : Nous réinjectons une énergie pleine d'extravagance, qui est une énergie très libérée car diffusée sur le long terme. En effet, cela a nécessité du temps, un ré-ancrage, et la faculté à forger notre certitude quant à la pertinence de la direction que nous prenions. Cette énergie fait écho à deux éléments : tout d'abord l'esprit de liberté très marqué de Pierre-Nicolas Perrier et Rose-Adélaïde Jouët qui irriguaient l'un, l'autre l'inspiration et les décisions commerciales au sein du couple très moderne qu’ils formaient pour l'époque. En second lieu, via l'ancrage de la Maison dans l'Art Nouveau, mû par l’idée de ré-enchanter le quotidien via la présence d'une nature totalement réinventée, voire débridée. Donc nous poussons le curseur un peu plus loin en nous rapprochant de cet héritage, puissant aussi bien dans la vérité de la Maison dès les origines que dans sa dimension artistique. Nous sommes là dans l'équation parfaite : vin et art encore plus présents et libérés. Ce nouveau manifesto de marque est fondé sur l'idée-force “Art of the Wild”, l’art de révéler une nature plus magnétique, plus vivante. Cette démarche va s'exprimer dans toutes les expressions de la marque, aussi bien pour la campagne de pub photographiée par Solve Sundsbo à travers une série d’images qui traduisent la singularité de chacun des vins de la Maison, que dans le cadre de l’installation de Bethan Laura Wood présentée à Design Miami. Elle est un véritable esprit libre incarné aussi bien dans son apparence physique que, bien entendu, dans son travail.

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Bethan Laura Wood (à droite) et Axelle de Buffévent.
Bethan Laura Wood (assise) et Axelle de Buffévent.

Quelles sont les particularités des collaborations nouées par la Maison Perrier-Jouët avec artistes et designers?

Notre credo est de nous adresser à des artistes et designers contemporains qui seront en mesure de faire vivre le patrimoine culturel très riche de la Maison. Elle abrite la plus importante collection d'art nouveau en Europe conservée en mains privées. Le regard spécifique des artistes s’exprime de façon puissante dans le cadre, bien souvent, de cartes blanches. Chacun d’eux a apporté sa pierre à l'édifice en nous extrayant de notre zone de confort, mettant à profit l’esprit de liberté dispensé par la marque. La toute première intervention sur la bouteille a ainsi été confiée à Makoto Azuma, artiste floral japonais, et la deuxième étape allait encore plus loin car Vik Muniz a retiré l'étiquette sur la bouteille... la puissance du message de Muniz étant alors l’affirmation de sa volonté de dialoguer directement avec l'anémone et de créer un flacon dont la transparence permet d'apercevoir un colibri picorant les anémones. Tel était la correspondance qu'il souhaitait établir avec Emile Gallé. Par ailleurs, certaines collaborations s'inscrivent dans le temps. Ainsi les Mischer Traxler ont en premier lieu travaillé à une installation à Design Miami : une table dont les inclusions d'éléments de nature se mouvaient suivant la proximité de l'humain. Cette réalisation s’est ensuite déployée au travers d’une édition limitée pour s'achever de façon spectaculaire dans la Music Room au V&A durant le Design festival avec une installation constituée de six cents bulle de verre renfermant des insectes qui s'agitaient suivant le mouvement humain alentour, créant ainsi de la musique. Cette pièce est si emblématique qu'elle sera présentée au printemps prochain lors de la Triennale du Design au Cooper Hewitt museum de New York. De même, la collaboration avec Tord Bontjee s'est incarnée dans un arbre où chacun était invité à cueillir sa coupe de champagne, et s'est prolongée durant plusieurs années sur de nombreux supports graphiques. Il faut évoquer également les Lutwerk dont l'installation a marqué la première approche de l’Art of the Wild puisqu’ils ont été les premiers à s'emparer de l'anémone... Démarche que l’on a trouvée fantastique, et que nous n’aurions probablement pas osé entreprendre sans leur regard. C’est là l’un des aspects très enrichissants pour une grande maison : les artistes repoussent constamment la limite, ils font œuvre, ils ne font pas produit. Cela élève le discours et nous a amenés à comprendre qu’au fond, la maison recelait cette liberté formidable inscrite dans l’esprit même des fondateurs.
Les collaborations avec les artistes se déploient et nous incitent à réfléchir à l’identité de la maison de champagne Perrier-Jouët, très ancrée dans la liberté de l'art nouveau dont l'objet était d'interroger le statut de ce qui était établi, aspirant à une ample liberté de penser.

Qu'est-ce qui a motivé le choix de Bethan Laura Wood pour illustrer les valeurs de Perrier-Jouët à Design Miami ?

Cette année, la clef d’entrée a été de trouver un artiste qui, pour la première fois, allait composer une interprétation très radicale de notre vision d’Art of the Wild, en poussant plus loin encore la singularité et l’extravagance. Or, ces caractéristiques sont omniprésentes dans le travail de Bethan Laura Wood, soutenues par une réflexion très juste et rigoureuse, une expression lumineuse et vivante. Elle fait écho aussi bien à l’héritage de la Maison qu’à la dimension plus innovante de l’art nouveau. Elle possède une capacité qui nous semblait extrêmement intéressante à développer : une pratique multidisciplinaire, bien souvent servie par l’usage de matériaux étranges… En outre, elle a injecté un paramètre important pour nous : la couleur. Bethan Laura Wood a la faculté assez unique dans le monde de la création de travailler la forme et la couleur de façon simultanée. Dans le futur, nous souhaitons réunir autour du concept “Art of the Wild” une communauté d’artistes et de designers qui témoignent d’un esprit libre et vont continuer à nous faire avancer.


BETHAN LAURA WOOD 
DESIGNER

L’OFFICIEL : Quels axes de recherche la Maison Perrier-Jouët vous a-t-elle communiqués, comment avez-vous appliqué votre mode de réflexion objet à un concept illustrant une telle maison de champagne ?

BETHAN LAURA WOOD : Plusieurs expériences m’ont guidée dans ma réflexion. Tout d’abord la visite de la Maison Belle Epoque m’a permis de “ressentir” l’univers floral de la Maison Perrier-Jouët et de l’Art nouveau, de même qu’il m’a donné l’occasion d’étudier les détails du mobilier et la décoration de cette Maison. Ma rencontre avec Hervé, le chef de cave, a constitué un autre jalon important. Il s’est agi d’un échange entre deux artistes, deux savoir-faire : j’ai été très intéressée par la découverte des caractéristiques de la fabrication artisanale du champagne. Cette initiation au monde du vin était capitale pour moi dans la perspective de travailler sur le concept de l'arbre. Enfin, l’Art of the Wild by Perrier-Jouët représentant une nature sauvage, colorée, est tout à fait à mon image.


Les notions de nature, d'exubérance et de liberté ne sont pas sans évoquer l'extraordinaire mouvement anglais Arts & Crafts, quelles sources d'inspiration ont alimenté votre création pour Perrier-Jouët ? 

La majeure partie des formes, des couleurs et des matériaux constitutifs de l'arbre a été directement inspirée de la Maison Perrier-Jouët et de la Maison Belle Epoque dont la collection de meubles, d’objets d’art et de décoration est exceptionnelle.Le concept même d’Art of the Wild de Perrier-Jouët évoque une nature débridée, des couleurs fortes et l'exubérance de formes et motifs. Enfin, le cépage et l’héritage de la Maison, la teinte du Perrier-Jouët Belle Epoque Rosé, la couleur et la forme des grappes de raisin ont irrigué ma réflexion.

“L’ensemble de ce projet a constitué pour moi une expérience passionnante à de nombreux égards, y compris humains avec les équipes de Perrier-Jouët qui m’ont accordé champ libre pour exprimer ma vision.” BLW

Votre réalisation, “HyperNature”, présentée au Faena Hotel de Miami, illustre – dans la forme, le fond et l’usage libre de la couleur – cette notion de nature sauvage : la pièce a été "enrichie" par votre visite de la maison Perrier-Jouët d'Epernay, entièrement restaurée en 2016. Quel a été votre processus créatif ?

J'ai commencé par les éléments techniques et les détails avant de penser à la création et aux éléments esthétiques. J’aborde en premier lieu les petits détails, ce qui me permet de développer un langage autour de la pièce entière. Les “arbres s'embrassant” dans le jardin de la Maison Belle Epoque ont également inspiré les formes des branches. J'ai choisi d'appliquer des traitements artisanaux sur des matériaux industriels afin de remettre en question leur perception. L'idée étant de célébrer leur beauté lorsqu'ils sont traités avec respect, en les extrayant de leur contexte et en les travaillant à la main. Ainsi, les pétales de PVC ont été teints manuellement dans mon atelier de Londres. L’ensemble de ce projet a constitué pour moi une expérience passionnante à de nombreux égards, y compris humains avec les équipes de Perrier-Jouët qui m’ont accordé champ libre pour exprimer ma vision.
 

“HyperNature”, Perrier-Jouët, les 5-6 décembre, Faena Hotel, Miami.

Design Miami, du 5 au 9 décembre, www.designmiami.com

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