Pourquoi il faut aller voir Rocketman, le biopic sur Elton John
Toutes les promesses d’un film tiennent parfois dans son titre. Ici, il emprunte son nom à Rocket Man, une des chansons les plus connues d’Elton John enregistrée en 1972 pour son cinquième album Honky Château dans l’ambiance hédoniste du château d’Hérouville, au pic de sa créativité avec son parolier extraordinaire Bernie Taupin. En écoutant ce hit, on voit déjà tout: un homme qui atteint la stratosphère à la vitesse de la lumière à ses risques et périls, un superman au costume de lumière et de strass, et l’ambiance de grand cirque qui accompagne cette attraction unique en son genre. “On se sent seul dans l’espace/ Sur un vol hors du temps/Et je pense que ça va être très très long/ Avant que je ne touche à nouveau le sol...” Tout est dit. De 1970 à 1977, Elton John connaît un succès sans pareil dans l’histoire de la pop, enchaînant les albums parfaits qui cartonnent tout en haut des classements internationaux avec une constance jamais vue, des shows ultra glam devant des milliers de personnes, une excentricité extrême qui devient une signature, le tout dans une atmosphère irréelle, entre excès orgiaques et tentatives de suicides.
C’est évidemment très cinématographique, mais le réalisateur Dexter Fletcher (qui avait repris les manettes de Bohemian Rhapsody après l’éjection de Bryan Singer) a poussé un cran plus loin le défi : un film musical exubérant, une “fantasy” selon ses propres termes, où chaque chanson intègre l’histoire et où Taron Egerton, alter ego troublant d’Elton John, interprète lui-même les tubes sans filet mais avec brio et la bénédiction émue du chanteur lui-même, producteur du film.Richard Madden, l’acteur qui interprète John Reid, le manager (et amant) d’Elton, décrit Rocketman comme un “Moulin Rouge sous acide”. Sous acide et sans vraiment de censure, ni de tabous : Elton John lui-même se livre depuis les années 1990 avec pas mal d’honnêteté sur son passé : de ses excès déments de drogue à sa dépression, son homo- sexualité cachée, son addiction aux costumes, en passant par ses (rares) erreurs de carrière. On attend donc avec impatience de voir Jamie Bell en Bernie Taupin, les mythiques concerts du Troubadour en août 1970, à Hollywood, et du Dodger Stadium de LA en 1975 où Elton John a mis 100 000 fans en transe (en photo), ou encore la tournée de 1974, sur le fil de la folie furieuse, dans son jet privé décoré de fausse fourrure... Voilà un conte fou et hors norme comme on les aime : celui de Reginald Dwight, petit enfant grassouillet né dans le Middlesex avec l’oreille absolue, un incroyable pianiste, compositeur et performer devenue une superstar à nulle autre pareille.
“Rocketman”, de Dexter Fletcher, avec Taron Egerton, Jamie Bell, Richard Madden, déjà dans les salles.