Rabih Kayrouz by night
“Je commence par une évidence : Les Mille et Une Nuits (1). C’est un livre que j’ai lu dès l’enfance, en arabe puis en français… Ma dernière relecture était en français. Plusieurs choses sont inspirantes pour moi dans ce livre. Mis à part les histoires et les fables ellesmêmes, avec leurs descriptions géniales et leurs trames intrigantes, aussi remplies de suspense que ces séries dont on ne peut jamais attendre le lendemain pour voir l’épisode suivant, je trouve que le plus séduisant, est la conteuse elle-même. Cette femme a tenu cet homme en haleine, au point qu’il n’a jamais pu la tuer. Elle ressemble tout à fait à la femme que j’ai envie d’habiller. Après, je pense à la chanson Les Paradis perdus, de Christophe (2), d’un romantisme incroyable et d’une spiritualité géniale… Elle peut me venir en tête si je pense à la nuit, pour ce qu’elle évoque : ‘Dans ma veste de soie rose/ je déambule morose/ le crépuscule est grandiose…’ J’aime ces mots. Et j’aime, dans cette chanson, ce côté très oriental. Pour moi, on parle de la même culture, de la même poésie, du même enchantement. La nuit, dans la littérature, la musique et la poésie arabe, est très importante. Je pense aussi à Oum Kalthoum (3), qui souvent demande à la nuit qu’elle ne se termine jamais, ‘ne pars pas ma nuit’. On ne sait pas d’ailleurs si elle parle à la nuit ou à un amoureux… La nuit est un prétexte pour évoquer les passions et les moments intimes. Par peur de parler à son chéri, on s’adresse à elle. Et, pour le côté festif et la mode de ces années, je finirai en citant Saturday Night Fever (John Badham, 1977) ! Cette fièvre de vie m’inspire beaucoup pour mes collections (4).”