Voyage

Cap sur le Cuixmala, l'éden de la Costalegre

Refuge confidentiel des stars hollywoodiennes, ce palais doré, niché au cœur d’une réserve naturelle sur la côte Pacifique du Mexique, est un des plus beaux palaces au monde et bien plus que cela... Il est le rêve intime devenu réalité d’un visionnaire, le milliardaire Jimmy Goldsmith.
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Vidéo par : Toby Knot
Camera operator : Davis Gerber
Mannequin : Lea Marcaccini

Sinueuse et mystérieuse, la route qui mène au Cuixmala depuis Puerto Vallarta traverse une jungle dense, impénétrable, et très vite on est hypnotisé par ces méandres avec le sentiment d’entrer dans une autre dimension, labyrinthique. L’obscurité envahit le paysage et déjà tout indique qu’il faut lâcher prise et se laisser porter par la chaleur tropicale. Quand apparaît la barrière du domaine, c’est un autre chemin qui se dévoile. La lune découpe les ombres des palmiers dans la nuit, des jaguars furtifs se faufilent pour chasser et, dans le lointain, apparaît l’immense dôme jaune d’or zébré de bleu. Cet éblouissement dès l’arrivée ne disparaît pas avec le temps. Invités, hôtes ou familiers du lieu, tous témoignent de cet émerveillement d’enfant qui saisit jour après jour devant ces paysages.

Pendant deux ans, des milliers d’ouvriers ont construit sur cette terre vierge un ensemble gigantesque qui emprunte ses lignes autant à l’architecture mexicaine qu’aux cultures indienne, méditerranéenne, turque ou marocaine, des pays visités (et aimés) par le milliardaire franco-anglais. Couturier a aussi conçu la rénovation de la sublime Hacienda de San Antonio, propriété sœur du Cuixmala située près de Comala, à une centaine de kilomètres dans les montagnes, au pied d’un volcan encore en activité. Cette ancienne plantation de café, fondée au XIXe siècle, a été achetée par Sir James Goldsmith à la fin des années 1980.

Il a réinventé le lieu avec l’aide de sa fille, Alix Marcaccini, qui a supervisé la décoration dans un style flamboyant inspiré des haciendas traditionnelles. Elle se souvient : “J’ai visité beaucoup d’anciennes demeures mexicaines pour m’en inspirer; les propriétaires, souvent de grands voyageurs, ramenaient leurs meubles et œuvres d’art de Chine ou d’Orient. Pour l’Hacienda, j’ai trouvé sur des marchés en Inde des soieries brodées d’animaux, des tissus et des céramiques – ma passion – au Guatemala et au Mexique, bien sûr, et des grands miroirs au Maroc pour le Cuixmala. Mon père a été très impliqué dans tout cela, très motivé. Je me souviens de lui dessinant à la craie la piscine de l’Hacienda sur le sol. La couleur orange des murs à Cuixmala et le rose foncé de l’Hacienda sont ses choix à lui.”

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Une utopie personnelle
 

À l’origine, les deux propriétés servent de refuge et de point de ralliement pour James Goldsmith, un homme d’affaires nomade, sans bureau fixe pour ne pas perdre de temps et mieux penser. Comme Alix le rappelle: “Il voulait un lieu pour rassembler toute sa famille, dans des maisons séparées pour plus de confort; c’est vrai qu’il s’était remarié pas mal de fois ! La grande maison était son domaine et la dépendance La Playa était pour ma mère.” Leur réalisation était sans doute une mission qui lui tenait à cœur et on perçoit son influence dans toutes sortes de détails aussi luxueux que rationnels, qui repètent sa vision d’un éden apaisant, surprenant et grandiose. Comme sa vie. 

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Avec son plan éparpillé en forme de galaxie dont la Loma est l’astre central, le Cuixmala préserve merveilleusement l’intimité de chacun et témoigne aussi de cet aspect de Goldsmith : un hôte hors pair, toujours en contrôle, un roi soleil autour de qui rayonne sa famille, ses proches, ses amis. Aujourd’hui, ce sont les plus grandes stars qui profitent de ce refuge paradisiaque à moins de trois heures en avion de Los Angeles pour se cacher des curieux. Parmi les clients, on compte Mick Jagger, Tom Cruise, George Lucas, Madonna, Cara Delevingne, Gwyneth Paltrow, Ralph Lauren, Mark Ronson ou encore le top Emily Ratajkowski, séduite il y a quelques mois par ce “paradis”. Son Instagram montre par exemple la plage Caleta Blanca, un petit lagon bleu irréel, où l’on est accueilli par des nuées de papillons blancs sous les palmiers et de petits poissons tropicaux dans l’eau cristalline. Pour Alix, le moment le plus miraculeux se situerait à l’Hacienda pendant la saison des pluies : “J’aime, au mois d’août, quand les nuages descendent bas, très bas sur les montagnes le matin. Tout d’un coup, la pluie éclate, les éclairs zèbrent le paysage au-dessus de la prairie, avant que le soleil revienne, c’est d’une beauté ! À Cuixmala, il y a aussi tant de lieux que j’adore, mais mon favori reste le potager...”

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Exploring the Land of Cuixmala with Artist & Stylist Lea Marcaccini - L'OFFICIEL

La nature est une idée qui revient toujours au centre du projet. Dès le départ, en 1987, Sir Goldsmith a verrouillé la protection de la Cuixmala Ecological Foundation qui protège les 10000 hectares (100 km2) de cette réserve naturelle, partie intégrante de la biosphère de Chamela-Cuixmala, pour sauvegarder l’écosystème, le patrimoine de la flore et de la faune (oiseaux, crocodiles, cerfs, daims, sangliers, jaguars, iguanes, etc.) d’une région de plus en plus abîmée par l’homme et la pollution. En plus de cette réserve, Goldsmith voulait créer une exploitation agricole entièrement biologique, comme l’explique Alix : “Il avait un rêve précis : trouver un endroit où l’eau et la terre étaient propres, où il pouvait imaginer une nouvelle agriculture. Parce qu’il avait vu les dérives de l’industrie agroalimentaire, il était obsédé par le fait qu’on ait de la nourriture très saine, organique.” En cela, il était proche des idées radicales de son frère aîné Edward, pionnier de l’écologie et fondateur de la revue The Ecologist. Alix le confirme: “Mon oncle a eu une énorme influence sur mon père, et les deux nous influencent encore aujourd’hui. Edward avait trente ou quarante ans d’avance quand il a publié en 1972, avec cinq autres scientifiques, A Blueprint for Survival, sur l’urgence du problème environnemental. Cela avait l’air dingue ; aujourd’hui c’est devenu une réalité.”

La ferme organique de Cuixmala produit les fruits tropicaux, l’Hacienda les légumes, les herbes, le café et le miel, l’océan le poisson. La nourriture délicieuse et organique est donc produite quasi entièrement sur place, et l’échange de denrées se fait entre les deux plantations grâce à de petits avions de couleurs vives. Le perfectionnisme va jusqu’à un petit laboratoire qui produit des essences naturelles à partir d’un jardin d’herbes aromatiques, une fromagerie dont les artisans ont été dûment formés par des spécialistes français, ou encore un café produit et torréfié sur place. Alix et Lalo, le directeur d’exploitation de Cuixmala, ont mis en place une autre forme d’agriculture biologique il y a six ans: “Ma plus grande fierté, explique Alix, c’est l’agriculture biodynamique (méthode qui suit le calendrier des rythmes lunaires et planétaires pour un bon fonctionnement biologique des sols, ndlr). Avec Lalo, on a commencé à suivre des cours à l’université de Colima sur cette méthode imaginée par le philosophe Rudolf Steiner. Puis deux professeurs sont venus entraîner tout le monde à Cuixmala et le perfectionnement continue régulièrement.”

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Depuis, Lalo, un homme extraordinaire qui entend les murmures des fruits et des plantes, explique que la production et la taille des fruits ont doublé. Cet engagement écologique frappe dès les premiers moments au Cuixmala : dans les chambres, pas un seul plastique en vue, aucun produit chimique mais des produits de beauté dans des petites jarres de verre, concoctés sur place avec des essences naturelles, des tisanes d’herbes fraîches, un savon artisanal. La piscine, spectaculaire sur la plage en bas de l’escalier pyramidal de la Loma, est remplie tous les jours d’eau de mer. Tous ces détails ne sont pas seulement un engagement mais aussi un luxe, un signe de bien-vivre intelligent qui exprime aussi, selon Alix, “une philosophie de vie, une utopie, une énergie collective mise en œuvre chaque jour”.


 

 

Retrouvez cet article dans sa totalité dans le numéro de
Novembre de L'Officiel de la Mode, actuellement en kiosques.
Pour plus d'informations : www.cuixmala.com et @cuixmala

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