L’Abbaye de Villeneuve, hôtel inspiré
Certes, les moines cisterciens qui occupaient jadis le bâtiment s’en sont allés. Grâce au ciel, l’Esprit est resté. Soigneusement rénovée, frappée de 4-étoiles, dotée d’un restaurant gastronomique, d’une brasserie et de salons de réception, l’abbaye revit. On en parle déjà comme la lumière du pays nantais.
Les maisons ont une âme. La preuve ici, à 15 minutes du centre de Nantes, en pleine campagne, sur la commune des Sorinières. L’abbaye qui fait sa renommée a été construite en 1201, aussitôt confiée aux sagesses des cisterciens, apôtres du travail de la terre et de la prière.
Puis, le temps a fait son chemin, abandon, guerres, pillages… Les pierres ont tenu bon, fissurées, griffées, bousculées. La sainteté veillait. De passage dans la région, Marc Plisson, président du groupe ARKENA (une trentaine d’adresses en France), tombe sous le charme, flambé par cette façade grand style, cette ambiance à jamais feutrée, ce silence glissant de colonnes en chapiteaux, de voûtes savantes en croisées audacieuses. Quelques millions d’euros plus tard, l’Abbaye de Villeneuve est devenue hôtel chic. Désormais, son rayonnement se vit, il se partage.
Divine entorse
Au programme, dix-huit chambres et suites, toutes différentes, évidemment desservies par un escalier monumental d’époque. Aménagements dernier-cri (écran plat, WiFi gratuit, leds, mini-bar, machine à café) et ambiance zen, couleurs apaisantes, mariage réussi entre la pierre et les tissus, mobilier épuré..., il flotte ici comme un appel à la pause, une invitation à laisser les urgences à la porte, le bonheur d’être élu au royaume des infinies douceurs.
Pourtant, la règle monastique souffre ici d’une divine entorse, celle de la gourmandise. Formé auprès des plus grands, le chef Aymeric Depogny, trentenaire bien décidé à révéler son talent, tient le piano high-tech du restaurant gastronomique de la maison, L’Epicurien. Au menu, les légumes des potagers voisins, les poissons de Loire, les viandes et volailles des fermes d’à côté, sans oublier les vins de la région. Objectif : vite devenir la table référence du pays nantais, puis décrocher le macaron qui récompensera la créativité d’Aymeric et le cadre séculaire de l’Abbaye, symbolisé par la cheminée monumentale qui garde les secrets des convives.
Aymeric veille également sur la Brasserie, la table sans façon, qui accueille copains et familles victimes d’une envie soudaine d’œuf mayo, d’un poisson grillé, d’une cuisse de poulet rôti ou d’une gourmandise. Le plaisir devient alors vertu monacale. Mieux : le sous-sol de cette Brasserie recèle une cave à vins, oratoire des crus du monde entier, mille références des trois couleurs quand même, où la dégustation est possible, sous la recommandation du maître de chais.
Le cloître des heureux pécheurs
Autre manière de converser avec les anges, prendre place au bar dont les éléments de langages, whiskies, vodkas, gins et autres précieux élixirs occupent tout un mur, comme un tableau de reflets cuivrés, argentés et dorés. Splendide. Les barmen jouent à merveille du shaker, du zeste et de la cuillère, le concert commence dans un décor moelleux de gris et de bleu qui annoncent des soirées à en oublier la nuit.
D’autant qu’une porte, celle du fond, ne demande qu’à être poussée, histoire de prolonger la conversation. Derrière, se cache le cloître des heureux pécheurs, le secret le plus choyé de l’Abbaye, son fumoir à cigares. Des fauteuils à négliger vêpres et complies, une vitrine à la fraîcheur de laquelle patientent une vingtaine de modules, petit corona comme solide churchill, et les liqueurs ambrées, rhum, cognac, armagnac, qui magnifient la célébration. Le monde ordinaire patientera bien un peu.
Posée sur un domaine de 4 hectares, l’Abbaye de Villeneuve réserve encore quelques absolutions à qui prend soin de s’attarder le long des allées du jardin, fleuri dès les premières douceurs, de piquer une tête dans la piscine ronde frappée d’une mosaïque d’éternel soleil ou de commettre péché de paresse dans l’un des recoins du cloître qu’empruntaient jadis les moines, entre salle des prières et réfectoire. Certains bonheurs attestent qu’en cette abbaye, le temps peut s’arrêter.
Abbaye de Villeneuve 44840 – Les Sorinières
Tél. : 02 55 59 05 91 et www.abbayedevilleneuve.com