Bastien Gonzalez: "Soulager et soigner sont des valeurs qui me correspondent profondément"
Pédicure le plus réputé de la planète que les grands noms du 7ème art et les têtes courronnées s'arrachent, Bastien Gonzalez a érigé le soin du pied en discipline wellness à part entière. A l'occasion de l'ouverture de son nouvel écrin intimiste de la galerie Vérot-Dodat, il se confie à l'Officiel.
Quelles ont été les grandes lignes de votre parcours et comment en êtes-vous venu à vous spécialiser dans le soin du pied ?
Suite à un accident de ski, j’ai rencontré un podologue qui m’a donné l'envie d’apprendre ce métier. J’ai toute suite été fasciné par la biomécanique du pied, cette extraordinaire marionnette de 26 os, 51 muscles et 103 ligaments. J’ai découvert ainsi la pédicure médicale française, une technique unique au monde et j'ai compris que soigner, soulager étaient des valeurs qui me correspondaient profondément.
Après l'obtention de mon diplôme de podologue en 1997, j’ai cherché à développer une approche plus holistique avec un soin de l'ongle en 4 étapes et un massage en 5 étapes qui complètent la pédicure médicale. C’est ainsi que je suis passé rapidement du monde médical au monde du spa dans lequel je me suis immédiatement senti à l’aise, guidé par une volonté d'aller toujours plus loin dans le souci du détail et la perfection du geste. Une volonté qui vient sûrement de mon éducation mais aussi de mes jeunes années dans la compétition de ski.
Comment en êtes-vous venu à transformer votre savoir-faire en véritable marque internationale et à combiner deux de vos passions que sont le voyage et la beauté?
J’avais à la fois la volonté de proposer mon approche du soin du pied au plus grand nombre de personnes et le désir de faire des rencontres magnifiques à travers le monde.
Les voyages sont l’occasion de se découvrir soi-même et de remettre en cause pas mal d’idées reçues. D’un pays à l'autre les peaux sont différentes, les problèmes à traiter aussi, mais le résultat final doit être le même. C’est passionnant d’avoir à trouver une solution pour chacun(e)!
Mon moteur a surtout été le partage, mais aussi le plaisir de voir mes élèves s’épanouir dans leur métier au-delà des frontières.
Vous êtes très attaché à votre région d'origine, la Corrèze. Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre lien à cette région ?
La Corrèze, plus particulièrement la Haute Corrèze, est un département très particulier, sauvage et paisible à la fois, avec la plus belle forêt et la plus grande réserve d’eau d’Europe. Quatre vraies saisons, un relief doux de petite montagne avec des couleurs magnifiques. J’ai eu la chance de grandir dans ce paradis naturel ou l' histoire est aussi très présente, au cœur du vieux village médiéval de Treignac qui a nourri mon imagination et mes rêves.
L'eau de Treignac, une eau très pure qui sort d’un vieux massif granitique est aujourd’hui un composant essentiel de mes produits cosmétiques Révérence de Bastien, de même que les plantes du plateau de Millevaches qui leur confèrent leurs principaux actifs. J’ai installé toute notre logistique en Haute Corrèze et j’y installerai bientôt notre laboratoire de cosmétiques.
Si tous les entrepreneurs qui ont eu la chance de réussir, réinvestissaient nos campagnes, la France serait encore plus belle. Comme le disait Joachim de Bellay « Heureux qui comme Ulysse …. »
Vous êtes présent dans les plus beaux palaces de la planète et votre clientèle se compose de célébrités, de têtes couronnées et de grands patrons. Quelle est aujourd'hui votre définition du luxe?
Il tient en deux mots : qualité et service.
La pédicure implique une proximité, et même une dimension psychologique. Quelles sont vos anecdotes les plus marquantes et les rencontres qui vous ont marqué?
J’ai vécu à travers mon métier des moments vraiment merveilleux, en procurant un soulagement immédiat et durable et en constatant que parfois l’effet d’un bon soin est juste incroyable. C’est cela qui aujourd'hui m'encourage à développer une approche différente du soin des pieds à travers la "pédicurologie", où se mélent savoir et émotion.
Pendant une heure de soin, d’échanges, d’éducation du soin du pied, de redécouverte d’une partie du corps très souvent inconnue ou oubliée, il se crée évidemment une connexion particulière.
Au début de l’année 2021, j'ai rencontré à St Barth un homme âgé, un notable de l’île. Son rendez-vous avait été réservé par sa propre fille laquelle avait reçu un soin la semaine précédente et n'avait qu'une idée en tête : faire découvrir ce soin à son père qui souffrait des pieds depuis plusieurs années au point de ne pouvoir marcher qu’avec deux cannes. Installé pour son soin, sans croire qu'il serait possible de faire quoi que ce soit pour le soulager malgré mes explications simples de ce qui allait se passer et mon assurance qu'il n'aurait plus besoin de cannes après la séance, les regards qu’il échangeait avec son épouse restaient manifestement sceptiques.
J’ai pris en main ses pieds abandonnés depuis tant d’années et le résultat a été tel qu’à la fin, l’un et l’autre avaient les larmes aux yeux. Il a pu se relever, l’appui sur ses pieds n’était plus douloureux et il est reparti sans ses cannes. Pouvoir lui redonner confiance avec un résultat aussi rapide a été pour moi un moment très spécial.
Avec mes équipes, il nous arrive d’organiser des soins dans des champs de canne à sucre à Maurice, dans les rizières au Vietnam , dans les plantations de thé en Malaisie. Ce qui est magique, c’est que parfois sans forcément parler la même langue avec des personnes qui n’ont jamais eu la chance de faire des soins des mains ou des pieds, nous avons des réactions de joie extraordinaires.