Kristina Fidelskaya, l'étoffe d'une conteuse
Coupes à la serpe, épaules imposantes, couleurs sobres, robes-manteaux et pantalons fluides. Soie, cachemire, vinyle... Beau mélange des genres que celui des créations de Kristina Fidelskaya, convoquant aussi bien le mouvement sixties Arte Povera que l’esprit de Claude Montana. D’ailleurs, elle trouve ses inspirations surtout dans la mode des années 1980 et 1990, dans les silhouettes d’icônes telles Julia Roberts, Cindy Crawford, Linda Evangelista ou Stella Tennant. Fortes têtes et corps de rêve soulignés par des looks glamour sans être vulgaires... Mais le créateur fétiche de Kristina Fidelskaya est sans conteste Yves Saint Laurent, “un maître du tailleur” : “Je suis fascinée par la manière dont il l’a rendu à la fois contemporain et portable tous les jours.” C’est ce qu’elle recherche lorsqu’il s’agit de sa propre marque. “C’est une immense chance d’apporter sa vision au sein de l’industrie de la mode, du relief à une féminité forte et assumée”, déclare-t-elle. “Je veux donner aux femmes la possibilité de s’exprimer selon leur personnalité, de la plus timide à la plus excentrique.”
Galanterie oblige
Durant son enfance passée en Crimée, Kristina appartenait plutôt à la catégorie des introverties mais, bien malgré elle, s’est vite distinguée de ses camarades de classe : “Ma mère cousait de beaux vêtements pour moi et ma sœur. J’aurais dû être folle de joie, mais je ne comprenais pas pourquoi je devais porter des tissus ou des coupes différentes de celles des enfants autour de moi... J’étais trop timide pour me sentir à part et ça me perturbait énormément. Avec le temps, j’ai réalisé la chance que j’avais eue d’avoir une mère qui m’a rendue si singulière...” Après le lycée, elle étudie à l’école Esmod de la cosmopolite Dubaï, sa ville d’adoption. Quand on lui demande si l’enseignement reçu lui a été précieux, la réponse fuse, à la fois lapidaire et laconique : “J’ai appris que je devais à tout prix être créatrice.” Ce qu’elle se décide de faire très vite. Mais pourquoi avoir lancé sa propre marque ? “Parce qu’il n’y avait pas assez de vêtements contemporains et féminins dans notre monde moderne. Je voulais créer des vêtements qui rappellent aux hommes le geste d’ouvrir la porte aux femmes...” Nous haussons les sourcils mais elle nous rassure : “Sans me déclarer féministe, je crois en l’égalité des droits quel que soit notre sexe, à la capacité des femmes de faire carrière et de se défendre. Mais je pense aussi que l’homme doit se sentir viril, afin de suivre son instinct naturel, celui de protéger la femme et d’en prendre soin.”
Une énergie bien féminine
En tout cas, Kristina Fidelskaya ne semble avoir besoin de personne. Sa vie de tous les jours, elle la mène au pas de charge : “Je dépose mes enfants à l’école, je pars courir et m’entraîner. Le running occupe une grande place dans mon quotidien, ça me fournit énergie et inspiration pour le reste de la journée. Une fois que je suis à l’atelier, aucun jour ne ressemble à un autre, entre le choix des tissus, les dessins, les essayages, les retouches... Le soir, c’est la détente, le retour au cocon familial, où on échange tous sur notre journée respective.” Son style à elle rappelle les paroles de Lana Del Rey évoquant l’allure de James Dean, “Blue jeans, white shirt...” rehaussés d’une veste en cuir ou d’une veste masculine oversize. Même si elle aime aussi les tenues très féminines, robes et bottes à hauts talons ! L’important, dit-elle, c’est que des histoires se cachent derrière chaque tenue... Comme dans les collections de Kristina Fidelskaya.
Ses films favoris
“J’adore les films français car ils montrent la réalité des émotions. Sophie Marceau et Juliette Binoche ont le don d’instaurer une véritable atmosphère. Le must : "La Piscine" pour les performances de Romy Schneider, Jane Bir- kin et Alain Delon.”
La musique qu’elle écoute en boucle
“Depeche Mode, Portishead, Massive Attack, Lana Del Rey.”
Le livre de chevet
"La Source vive" d’Ayn Rand, que je relis sans me lasser.”
Sa ville préférée
“Paris, c’est la plus belle du monde, et je peux trouver un nouveau restaurant tous les jours!”
Ses adresses pour s’habiller les yeux fermés
“Hélas, Colette a fermé mais j’ai la sélection de jeunes créateurs de Boutique 1 à Paris, Harrods à Londres, et les concept-stores de Miami.”