L'O: Parlez-nous de vos années Balenciaga... NDF: Avec Nicolas Ghesquière, j’ai appris la précision. Même si j’étais déjà quelqu’un de très précis, que j’avais un grand respect de la matière, que j’adorais coudre et que j’étais bon en technique, chez Balenciaga, c’était un niveau au-dessus. Chaque styliste avait peu de pièces à réaliser, mais chacune était plus qu’aboutie, elle était parfaite. La façon et la réalisation étaient d’un net... J’ai donc appris à être précis non seulement dans ma manière de travailler, mais aussi dans mes exigences,dans ce que j’attends des gens aec les quels je travaille. Avant de faire de l’image, je suis d’abord un technicien. Je fais des vêtements, et j’en suis fier.
L'O: Et avec Raf Simons...NDF: :C’était un passage relativement court. Lorsque Natacha(Ramsay-Levi, ndlr) et Nicolas (qui n’étaient alors plus chez Balenciaga mais Louis Vuitton) m’ont rappelé, je les ai rejoints rapidement. De chez Dior, je garde un super souvenir de Raf, quand il était là. C’est quelqu’un de romantique et passionné que je trouve inspirant. Après, très concrètement, Dior est une école de dessin, ce qui n’est pas du tout mon truc. Lorsque j’étais à La Cambre, on nous demandait de dessiner des pièces de façon pragmatique pas artistique. Chez Dior, j’ai passé une année à dessiner alors que ce que j’aime, c’est faire du vêtement sur le corps, couper, épingler, faire et refaire. Je suis plus 3D que dessin. C’est vrai que j’avais une petite frustration, mais c’était super de le rencontrer.
L'O: La mode d’André et Coqueline Courrèges était géométrique avec la minijupe en A, avant-gardiste dans ses volumes laissant libre cours à la liberté du corps, et optimiste par ses couleurs. Comment est la vôtre? NDF: Ce que je retiens surtout de leur travail, c’est que leurs vêtements étaient faits pour être portés, cette question était centrale pour André Courrèges. Je me souviens de cette confrontation entre lui et Cardin sur le pantalon et la jupe.J’aime sa préoccupation de faire descendre sa mode dans la rue. Je retiens également cette recherche de l’épure et de la simplicité me parle beaucoup. Quand on reprend une maison, on doit évidemment respecter son héritage, qui est chez Courrèges extrêmement riche, complexe et passionnant. Mais il y a aussi ce moment où c’est soi, sa vision que l’on doit mettre en avant.Je propose des choses simples, à recevoir et à comprendre. Je n’ai aucune prétention intellectuelle, même si je réfléchie.