Ariel Nicholson : "Mon identité de femme transgenre ? J'en suis fière.”
Elle est entrée sur la scène médiatique avec un grand bang. En janvier 2017, la belle Ariel Nicholson figure avec six autres millennials en couverture du mythique National Geographic titré “Gender Revolution” (la révolution du genre). Transgenres, intersexué, androgyne et bi-genre, ces sept-là symbolisent la nouvelle diversité sexuelle, des minorités qui deviennent enfin visibles ; mieux encore, ils prennent enfin la parole et ils la prennent bien. Au même moment, Ariel, 16 ans alors, ouvre son compte Instagram, dont elle va faire un espace pour parler d’identité, pour dire sa vérité. Depuis qu’elle a été out-ée un peu brutalement au collège, Ariel croit aux vertus de la parole pour se faire accepter, exister, faire comprendre, exposer. Elle documente donc depuis presque deux ans sa vie d’“étudiante, mannequin et activiste” en la surtitrant d’un fier “TRANS IS BEAUTIFUL”. On y voit des photos d’elle petite avec ses cheveux courts : ravie en tutu rouge ou portant de belles robes ou, plus rarement, boudeuse, habillée en garçon un peu androgyne. Dès qu’elle a su parler, l’évidence était là : en lui assignant le genre masculin, la Nature s’était un peu trompée d’enveloppe. Grâce au soutien constant de sa mère, Kerry, qui a compris l’enjeu de cette quête d’identité, elle se fait suivre dès ses 8 ans par l’Ackerman Institute for the Family, à New York, où elle côtoie d’autres enfants comme elle. À 10 ans, elle choisit son prénom, Ariel, celui de La Petite Sirène, ce dessin animé qu’elle a regardé pendant des années. Avec l’accord des médecins, elle commence à prendre un médicament qui supprime les effets de la puberté et saute ainsi une étape qui aurait pu être traumatisante pour elle. Dans un article du New York Times l’année dernière, sa mère explique qu’à partir de là ses résultats à l’école deviennent excellents : “Les autres enfants trouvaient plus facile d’accepter une camarade transgenre qu’un garçon féminin.” À 13 ans, dans Growing Up Trans, un documentaire de la chaîne publique américaine PBS, elle témoigne avec sa psy sur sa décision de prendre de l’estrogène. Aujourd’hui, Ariel Nicholson Murtagh s’est épanouie en déesse nordique : 1,82 mètre, des yeux immenses et une chevelure que lui envieraient les muses préraphaélites. Le monde de la mode n’a évidemment pas raté le coche : elle a déjà été shootée par Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin, a défilé pour Calvin Klein, Prada et Marc Jacobs, et pose pour la campagne beauté Marc Jacobs (photo). Ariel figure aussi dans la campagne spéciale Pride 2018 “#GratefulNotHateful” aux côtés d’autres mannequins de la communauté LGBT. Marc Jacobs marque ainsi son profond engagement pour la cause : “Vous n’avez pas à attendre une parade, vous pouvez trouver des manières de vous exprimer chaque jour de votre vie, et quelqu’un entendra.”
Si Ariel aime l’idée du mannequinat et continue de poster sur Instagram des images de fées très romantiques, de films cultes (Labyrinth, Dark Crystal, Princesse Mononoké ou La Famille Tenenbaum) ou de ses icônes (Björk, David Bowie, Yoko Ono, Sonic Youth, Cat Power ou Lorde), elle n’en abandonne pas pour autant le combat pour les droits. Sur cette plate-forme, elle argumente avec précision sa lutte : “Mon identité est loin d’être un secret, cela me donne le pouvoir de créer un changement dans le monde et d’être une activiste pour les droits des transgenres. Mon identité de femme transgenre ne me limite pas, mais est une partie de moi-même dont je ne me cacherai jamais et dont je suis fière.” Absolument dévastée par la victoire de Donald Trump, Ariel ne tarde pas à subir les premiers effets de sa politique : les droits transgenres (des étudiants, des militaires, etc.) sont les premiers attaqués par les mesures du nouveau gouvernement. Ses modèles pour résister : Martin Luther King ou les féministes Gloria Steinem et Maya Angelou, évidemment, mais aussi des figures historiques transgenres moins connues : l’incroyable Marsha P. Johnson (qui a fait l’objet d’un documentaire sur Netflix), Candy Darling, la Française Jacqueline Charlotte Dufresnoy, alias Coccinelle, Lili Elbe (incarnée par Eddie Redmayne dans The Danish Girl) ou l’actrice Daniela Vega. Elle soutient aussi les étudiants de Parkland, ainsi que l’organisation Raices Texas et le projet Texas Civil Rights, contre la séparation des familles de migrants aux États-Unis. Ariel intègre parfaitement cette famille de filles extraordinaires avec qui elle fait parfois des selfies – Hari Nef (une pionnière pour elle), la top engagée Adwoa Aboah ou l’actrice militante Rowan Blanchard. Une chose est sûre : les héroïnes de demain parlent haut et fort. Et sont déjà écoutées.
www.instagram.com/ariel.nicholson
Marsha P. Johnson, histoire d’une légende, sur Netflix.