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Kylian Mbappé : "Mes proches m'aident à garder la tête froide"

Hors norme, exceptionnel, extraordinaire: pour décrire son parcours, le recours aux superlatifs s’impose. Déraisonnable, peut-être, prématuré, on verra bien... en attendant, quel plaisir d’être contemporain d’un tel joueur.
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Lorsque Kylian Mbappé a adressé son premier sourire à la planète, le 20 décembre 1998 à la maternité de Bondy en Seine-Saint-Denis, Didier Deschamps avait brandi cinq mois plus tôt la Coupe du monde dans le ciel du Stade de France, à moins de vingt kilomètres de là, grâce aux deux coups de boule de Zinédine Zidane en nale contre le Brésil. Le premier, capitaine des Bleus devenu sélectionneur, a offert à l’attaquant la première de ses 12 apparitions internationales (pour trois buts) en mars 2017 ; il avait remplacé Dimitri Payet en fin de match au Luxembourg, match qualificatif pour le Mondial en Russie, édition dont il sera l’une des attractions. Le second, entraîneur à succès du Real Madrid, a tenté de l’attirer l’été dernier avant que le jeune prodige de Monaco n’opte in fine pour le Paris Saint-Germain. Ce n’est pas la première fois que Madrid sort la carte séduction : en 2012, déjà vedette de sa formation à l’INF Clairefontaine, Mbappé avait été invité par le Real à un stage d’une semaine. Au programme, visite du centre d’entraînement par Zidane (dont il voulait imiter la coupe de cheveux), séances sur le terrain et pose avec celui dont les posters ornaient la chambre, Cristiano Ronaldo – la photo des deux est collector. En dépit de l’intérêt espagnol et de tant d’autres sollicita- tions, il choisira six mois plus tard l’AS Monaco, où il débutera en Ligue 1 dès décembre 2015, à 16 ans et 11 mois, battant déjà un record de précocité.

Flashé à 36km/h

Mais qu’ont-ils donc tous avec Mbappé, deuxième plus gros transfert de l’histoire, acheté via une option d’achat 180 millions d’euros par Paris ? Son physique semble ordinaire : 1,78 mètre pour 73 kilos. Il y a bien ce sourire espiègle, ce mental d’airain, ce visage de dessin animé, ces dribbles chaloupés, cet instinct de buteur, cette capacité à évoluer sur un côté, ce sens du collectif, cet esprit taquin, cette fraîcheur malgré son statut, cette communication maîtrisée ou ses réparties dès qu’un micro se tend. Mais c’est son cerveau qui le distingue et le rend si unique. Mâture, bachelier en STMG (gestion), il affiche une intelligence de jeu incomparable. Sur la pelouse, il comprend avant les autres, anticipe. Et comme sa pointe de vitesse dépote... Fin 2017, il a été flashé par les caméras à 36 km/h, en contre face à Lille, après 90 minutes dans les pattes ! Sur ses fulgurances cognitives, Thierry Henry, auquel il est souvent comparé, a eu les paroles justes : “Quand je le regarde dribbler, je vois qu’il pense, il t’amène là, il feinte, il revient, il pense quand il joue. Oui, il va vite... Mais il pense. Le petit est malin, signe d’un mec qui peut aller très loin.” Jusqu’où, justement ? Le bolide n’a pas de limite. Kylian Mbappé est en avance sur tous les chronos. Le 13 mai, il a été désigné une seconde fois consécutive meilleur espoir de Ligue 1 par ses pairs. Une saison à trophées (championnat, Coupe de France et de la Ligue) ponctuée de 13 buts et 7 passes décisives en 28 matches. “J’ai changé d’univers cette année et je pense que je me suis bien adapté”, a-t-il savouré. Élu meilleur joueur du championnat, le crack brésilien Neymar avait eu, quelques jours plus tôt, au micro de l’ex-légende Zico, à la télévision de son pays, des mots doux à l’égard de son coéquipier : “À son âge, il n’y a pas meilleur que lui.” Le buteur camerounais Samuel Eto’o lui imagine un destin à la hauteur du génie argentin côtoyé à Barcelone : “Kylian peut s’inspirer de la force mentale surhumaine de Leo Messi, que j’ai vu grandir. À condition de bien gérer son statut et de comprendre ce qui se passe autour de son nom, c’est le futur Messi.” S’il pouvait rafler un seul de ses cinq Ballons d’Or, ce serait déjà merveilleux.

Flashé à 36km/h
Un plan secret
Un plan secret

Ce talent hors norme qui, au même titre que l’omnidoué astronaute Thomas Pesquet, pourrait sembler agaçant tant il semble dénué de défauts (il râle pourtant souvent et devra veiller au syndrome de la grosse tête), doit beaucoup à sa famille. Elle le couve, le protège, l’aiguille, le recadre. Dans cette galaxie gurent ses parents : Wilfried, camerounais d’origine, éducateur exigeant qui a entraîné à l’AS Bondy, le premier club de Kylian, et Fayza Lamari, algérienne d’origine, ex-handballeuse nationale, à Bondy toujours. Ethan, son cadet de sept ans, lui aussi sous la tunique parisienne, n’est jamais très loin. Et puis il y a le déclencheur, Jirès Kembo Ekoko, dont son père est le tuteur légal. Après six saisons à Rennes, le buteur franco-congolais a rejoint les Emirats Arabes Unis en 2012, choix davantage nancier que sportif, mal encaissé par Kylian. “Je ne l’avais pas accepté, c’était vraiment dur pour moi. J’en ai pleuré, c’était l’amour du frère”, a-t-il confié. Depuis, d’autres larmes ont coulé, mais de bonheur celles-ci. Faux lisse, déterminé, ambitieux qui s’assume – il jure avoir un plan secret en tête depuis son plus jeune âge – Mbappé ne respire que par et pour le football. “Ce sport est plus qu’une passion, il prend toute la place”, clame-t-il. Une profession de foi radicale, son vade-mecum à lui.

"Je connais mes qualités et mes zones de progression" — Kylian Mbappé

L’Officiel Hommes : Quand tu regardes derrière toi, que t’inspire ton parcours ?

Kylian Mbappé : En fait, je suis tout simplement en train de vivre un rêve. Mon rêve d’enfance. C’est un peu fou... Comme quoi il faut croire en ses rêves ! Le football et le sport en général ont toujours fait partie de ma vie. Je viens d’une famille où le sport est très présent. J’ai toujours été encouragé par ma famille et, autant que je me souvienne, j’ai toujours voulu et su que je serai un jour footballeur professionnel. Quand je regarde mon parcours, mes clubs – Monaco et le PSG – sont deux grandes et belles écuries françaises qui sont très complémentaires. Même si cela n’a pas été facile, le transfert au PSG, c’était un rêve de gamin. Je suis né à Bondy, en banlieue parisienne, et le PSG m’a toujours fait rêver ! Aujourd’hui, je réalise la chance que j’ai d’avoir eu ce parcours et d’avoir été accompagné comme cela. Je suis fier de ce parcours, des quelques titres remportés, mais je sais aussi que la route est encore longue et que j’ai beaucoup à découvrir.

 

Il y a des moments où tu sens vraiment une pression très forte, trop forte ? Elle vient d’où surtout ? De ton club ? Des amis, de la famille, des médias ?

Quand j’étais plus jeune et que je jouais à Bondy, on s’entraînait, pour rigoler, à répondre aux interviews à la fin des matchs. Aujourd’hui, ça fait partie du métier. Il faut prendre cela avec le sourire. La pression est quelque chose qui t’aide à te surpasser. Je suis un compétiteur et c’est important de savoir bien gérer la pression. Lors des grands rendez-vous, j’avoue que je ne regarde pas trop ce qui se dit. Je reste dans ma bulle, je me concentre sur l’essentiel ; mon rôle à moi, c’est de donner à chaque fois le maximum sur le terrain. On doit faire plaisir à nos fans. C’est pour cela qu’ils nous soutiennent. Si je ne suis pas bon, c’est normal que les fans soient déçus et me critiquent. Si je suis bon, alors peu importent les commentaires, je sais que j’ai fait ce que j’avais à faire. Par exemple, en équipe de France, la pression est bien là parce que tu représentes une nation. Soit cette pression te motive, soit elle te mange. Tant que je me fais plaisir sur le terrain, je ne me laisse pas manger par la pression !

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Kylian Mbappé unveils the Nike x Off--White World Cup capsule - L'OFFICIEL

Propos recueillis par Baptiste Piégay
Découvrez la suite de l'interview dans L'Officiel Hommes de Juin-Juillet 2018, disponible en kiosques
Photographie : Satoshi Saïkusa
Vidéo par : Marine Giraudo

Stylisme : James Sleaford
Assistante stylisme : Dora Chouaïeb
Grooming : Camille Lameynardie

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