Arthur Lemoine, un dirigeant écoresponsable
Stephan Ciejka : Quelle fonction assurez-vous au sein du groupe Galeries Lafayette ?
Arthur Lemoine : « Je suis directeur général de la branche horlogère du groupe Galeries Lafayette, j’ai intégré le groupe en 2010 et occupé différentes fonctions – dans la parfumerie, l’alimentaire et la restauration. Je gère désormais l’horlogerie. »
Qu’est-ce que vous pourriez nous donner comme indication sur le groupe Louis Pion - Royal Quartz - Galeries Lafayette, en terme de volume ?
« Notre chiffre d’affaires s’élève à 200 millions d’euros, il est en croissance constante.Les enseignes Louis Pion et Galeries Lafayette – Royal-Quartz Paris sont leaders de la distribution horlogère en France, avec un réseau de 155 boutiques et près de 900 collaborateurs. »
Vous avez une démarche écoresponsable que vous mettez en avant. Qu’est-ce qui vous a amené vers ces problématiques écologiques de récupération et de recyclage ?
« Le groupe Galeries Lafayette est depuis longtemps engagé dans une logique éco-responsable. Au début des années 1990, Philippe Houzé a été l’un des premiers à impulser une dimension responsable auprès de l’enseigne Monoprix. Et cette année, les Galeries Lafayette ont initié et lancé le mouvement Go for Good auquel Louis Pion a participé. Les clients ont une réelle attente dans ce domaine : ils veulent du sens lorsqu’ils découvrent et acquièrent un article. Ils ont des exigences concernant l’empreinte environnementale du produit qu’ils acquièrent. D’où notre décision de prendre part à ce mouvement. Il s’agit de réinventer le commerce et de proposer à nos clients un mode de consommation plus écoresponsable. C’est le travail que nous allons réaliser cette année, afin de présenter le plus de produits possibles qui revêtent cette dimension et puissent porter le label Go for Good. »
Concernant les bracelets des marques propres, envisagez-vous de développer des produits qui ne fassent plus appel aux peaux animales, par exemple ?
« Nous explorons des solutions plus vegan. Sur le volet éco-responsable, deux des modèles Victor et Victoire sont montés sur un bracelet cuir en tannage végétal et arborent un cadran bois certifié FSC (forêts gérées de manière durable et responsable). Nous lançons, en septembre, une nouvelle collection vintage dont les bracelets sont créés à partir de chutes de cuir récupérées, recyclées et réassemblées par une association qui fait travailler des personnes en réinsertion. »
Est-ce que cette démarche pourrait vous inciter à vendre des montres de seconde main (Preowned Certified) ?
« Actuellement, cet aspect ne fait pas partie de notre métier et nous n’en avons d’ailleurs pas l’expertise. Cependant, nous n’excluons pas cette approche à plus ou moins long terme. Mais ce n’est pas un axe que nous envisageons à court terme. La certification des montres requiert un réel savoir-faire. Pour le boîtier, mais également les composants, afin de s’assurer que les montres ont été révisées et entretenues auprès d’horlogers agréés.
En revanche, nous encourageons nos clients à recycler leurs garde-temps. Nous avons donc lancé, il y a un an, l’opération “Recycler, c’est gagner”, qui permet à nos clients de déposer leurs montres qui ne sont plus en état de fonctionnement. Celles-ci seront recyclées et permettront de limiter l’empreinte des nouveaux achats de nos clients. »
Quelle est la mission d’Eco Tempo, votre partenaire dans cette opération ?
« Nous travaillons avec Eco Tempo depuis mars 2015. Cette association nous offre un accès à un réseau de recyclage des montres. Les garde-temps peuvent s’avérer très polluants, dans la mesure où ils renferment des matériaux comme du plastique, des piles, de l’aluminium, etc. Par le biais de notre partenariat avec Eco Tempo, nous pouvons récolter ces montres, les envoyer au circuit de récupération pour recycler tout ce qui peut l’être. Ou, si la montre est encore utilisable par exemple, la remettre en état de marche. Et ces opérations sont effectuées par des personnes en réinsertion professionnelle, dans des ateliers situés dans le département du Gers. La collecte s’effectue dans les boutiques Louis Pion. Une urne reste en permanence à la disposition de la clientèle. L’opération de septembre a conduit à la collecte de 5 400 pièces. Ce sont 270 kg de montres recyclées depuis le début de l’année 2018 et 3,3 tonnes depuis 2015. Notre objectif est de faire connaître cette opération, afin que les gens adoptent les bons réflexes. »
Concrètement, pensez-vous que cela puisse bénéficier à l’image du groupe ?
« Ce n’est pas une question d’image. Cette initiative est inscrite dans nos gènes. Nous nous attachons à être à la fois précurseurs et innovants en portant cette démarche. Mais encore une fois, cela répond aussi aux attentes et comportements de nos clients ; il y a donc une dimension sociétale. Notre volonté est d’être acteur de la transition écologique, en proposant au client un mode de consommation qui soit plus éco-responsable. »