Francesco Risso : "j’ai une poignée de muses quotidiennes"
Quand l’universalité de l’un rencontre la singularité de l’autre, cela donne une collection haute en couleurs et en imprimés pour toute la famille. Rencontre avec Francesco Risso, directeur artistique de Marni.
L’OFFICIEL : Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez entendu parler de cette collaboration avec Uniqlo ?
FRANCESCO RISSO : J’ai tout de suite été très enthousiaste. Je pense que cette collaboration avec Uniqlo arrive au bon moment pour Marni, puisqu’elle suit la direction que nous avons prise ces deux dernières années, celle de se rapprocher des gens.
L’O : Qu’est-ce qui a inspiré la collection ? On a entendu dire que, dès les prémices, vous aviez une idée très claire de ce que vous souhaitiez réaliser.
FR : Sur le plan créatif, nous avons suivi une direction très précise avec l’ambition de réaliser une mode facile à porter au quotidien, pour laquelle nous avons exploré la notion de LifeWear, c’est-à-dire une garde-robe facile à partager et à s’échanger en famille. Et nous avons essayé de traduire ce sentiment de familiarité à travers les images de la collection photographiée par Jamie Hawkesworth.
L’O : Avec ses motifs audacieux colorés, cette collection est très Marni. Comment avez-vous trouvé ces imprimés originaux peints à la main ?
FR : Marni est synonyme de couleurs et d’imprimés, et ce, depuis toujours. Pour cette collection, nous avons voulu insuffler un peu de nostalgie à nos imprimés floraux et une touche artistique à nos vichys, en transposant l’énergie créative de la marque dans des lignes tracées au pinceau.
L’O : Que pensez-vous de la philosophie LifeWear d ’Uniqlo ?
FR : Je suis vraiment fasciné par l’esthétique d’Uniqlo. Ces vêtements sont une synthèse intelligente de matériaux, de couleurs et de formes. Mais de mon point de vue, c’est bien plus que cela puisque leur engagement est d’offrir un produit universel, ce que je trouve profondément humaniste et vertueux.
L’O : En quoi l'élaboration de cette collection est-elle différente de celle que vous imaginez pour Marni ?
FR : Tout au long de son élaboration, nous avons essayé de défendre l’éthique d’Uniqlo, l’intégrité qui se cache derrière la vision de la marque, en donnant notre interprétation du LifeWear d’Uniqlo avec une proposition légèrement hors des sentiers battus, ce qui donne des vêtements impeccablement confectionnés avec l’esprit décalé et ouvert de Marni.
L’O : Parlez-nous de la palette de couleurs...
FR : Nous avons recherché des couleurs qui rappellent l’été, en combinant des nuances audacieuses de rouge et de cobalt avec des tons chauds et terreux de kaki, d’écru et de vert oli- ve. Les imprimés ponctuent la gamme, reliant la collection de manière chromatique dans un mélange de textures et de monochromes.
L’O : Qu’aimeriez-vous que les gens qui portent cette collection ressentent ?
FR : Qu’ils se sentent bien, eux-mêmes, libres ...
L’O : Quelle est votre pièce préférée ?
FR : Probablement le pyjama soyeux, que j’ai hâte de porter.
L’O : Nous avons lu que vous aviez grandi sur un bateau. Pensez-vous que votre créativité joyeuse soit liée à votre enfance ?
FR : J’ai des souvenirs flous de ces premières années, mais je pense qu’elles ont dû avoir un impact sur moi. Probablement dans le sens où elles ont dû façonner ma personnalité, plus que mon sens du style.
L'O : En quoi cette collextion vous ressemble ?
FR : Elle comporte certaines de mes signatures comme des T-shirts à rayures d’inspiration grunge, des chemises de pyjama froissées et des tailleurs souples. Sans oublier les combinaisons de couleurs vives et douces, avec une subtile nostalgie des années 70.
L’O : Les femmes que vous dessinez sont très modernes et élégantes. Avez-vous une muse “ éternelle” en tête ?
FR : Plutôt qu’une muse “éternelle”, j’ai une poignée de muses “quotidiennes”. Ce sont des amies, des collaboratrices, des artistes avec lesquelles nous collaborons chez Marni. Leur aura va bien au-delà de la façon dont elles s’habillent ou se présentent, elle réside dans la façon dont elles façonnent leur propre réalité.
