Kristen Dunst, la revanche d'une blonde
Kirsten Dunst revient, en force et la clope au bec, dans On Becoming a God in Central Florida, une série dont le titre, extravagant, est bien sûr ironique. L’actrice, dont le dernier rôle principal dans un film correctement distribué en salles remonte à huit ans (Melancholia, de Lars von Trier) y incarne Krystal Stubbs, une jeune maman employée au salaire minimum dans un centre nautique d’Orlando en Floride, à deux pas du monde enchanté de Disneyworld. Tout en brushing criard, denims javélisés et faux ongles en acrylique, Krystal se débat avec les complices et les victimes (parfois les deux en même temps) d’une grande compagnie de vente par correspondance, proche d’un culte et qui promet monts et merveilles à ses membres. Son mari à mulet (on est en 1992) en fait partie. Aveuglé par ce miroir aux alouettes, Travis, joué par Alexander Skarsgård en contre-emploi, a plongé sa famille dans la ruine. Entre rage, colère et dépit, Krystal la blonde white trash va réaliser que l’une de seules façons de survivre, voire d’approcher la réussite financière, est de prendre part à cette escroquerie et de devenir experte dans l’art d’arnaquer ses semblables. Kirsten Dunst est la raison majeure de binge-watcher cette série à la fois hilarante, terrifiante et dévastatrice. Elle a conféré au personnage de Krystal, ex-reine de beauté sans cesse giflée par l’existence et aussi éloignée que possible de l’actuel revival cool des nineties, une forme d’agressivité. Sa force : profiter de la tendance de son entourage à la sous-estimer pour contre-attaquer. En un sens, ce rôle, c’est du sur-mesure, la comédienne s’y est comme préparée des années durant. Les mésaventures de Krystal sont le reflet de la carrière de Kirsten, avec ses cheveux dorés et son air de féline lassée. Grâce à ce rôle, l’actrice est devenue la voix d’une génération de millennials, coincés entre deux époques et incapables d’acquérir suffisamment de pouvoir pour être écoutés. Contrairement à Anne Hathaway ou Natalie Portman, Kirsten Dunst n’a en effet jamais remporté d’oscar, malgré des débuts devant la caméra dès ses 3 ans, et sa capacité, dans les années 1990/2000, à enchaîner blockbusters et œuvres de grands cinéastes. Il est vrai qu’au lieu de jouer davantage de son charme, ou au contraire de se métamorphoser physiquement pour un rôle, elle préfère miser sur l’émotion et le talent d’actrice pour créer des personnages déroutants, mélancoliques et parfois violents. Son jeu est à l’image de sa performance prémonitoire dans Entretien avec un vampire (1994), celui d’une femme prisonnière d’un corps d’enfant. Elle le rappelle dans On Becoming a God in Central Florida, avec le visage d’un ange et la colère d’une adulte. Pendant ce temps, certains de ses films, mal accueillis à leur sortie (Belles à mourir, Marie-Antoinette), sont aujourd’hui réévalués. D’autres font même l’objet de remakes (Spiderman, Jumanji et Les Quatre Filles du docteur March). Quant à Kirsten Dunst elle-même, à défaut d’être revalorisée par Hollywood, elle a trouvé sa voie : jouer des personnages qui lui ressemblent.