A vos souhaits : amulettes ou talismans ?
A l’époque où l’humanité en savait beaucoup moins sur les sciences naturelles, les pierres précieuses étaient voilées de mystère et nimbées de surnaturel. Aussi jouèrent-elles tout naturellement le rôle d’amulettes. Sous la forme d’une simple gemme, mais aussi d’un pendentif, d’une figurine ou d’un anneau, ils éloignaient les mauvais esprits (ou même la peste), ramenaient au port les navigateurs, faisaient naitre la faveur des princes tout en attirant la protection des anges et des saints. Ces amulettes eurent leur place dans certaines religions. Chez les juifs, le pectoral des grands-prêtres était orné de quatre rangs de pierres précieuses. Les anciens Égyptiens, qui en portaient en toute occasion - jusque dans leurs tombes - enterraient volontiers leurs momies avec des dizaines d'amulettes en forme de scarabée. Dans la religion chrétienne, la tiare et la mitre du pape étaient enrichies de joyaux. Les ostensoirs et reliquaires des églises prouvent encore aujourd’hui cette prédilection pour le charme magique des talismans.
Le pouvoir magique des amulettes n’était pas cependant perçu comme illimité : elles ne protégeaient que des dangers pour lesquels elles avaient été conçues. L’améthyste par exemple (le lexique des pierres dressé par Aurelie Bidermann nous le confirme) est une pierre bénéfique qui contrôle les mauvaises pensées, la turquoise donne confiance en soi, l’Emeraude dégage la paix et l’harmonie, l’onyx procure une grande stabilité, le jade aide lors de la résolution des conflits tandis que la nacre, symbole d’amour par excellence chez les grecs et source d’immortalité certaine pour les chinois. Toutes, elles visent à protéger, contrairement aux talismans dont le but est d’obtenir des pouvoirs offensifs.
Ces sésames ont attiré les grandes et petites maisons de joaillerie qui ont transposé dans leurs bijoux les vertus protectrices de ces capteurs de rêves. Charlotte Heymann et Celine Alimi, les deux créatrices de Lovingstone, ont injecté leur amour des pierres et leur sens de l’humour au coeur de gracieux grigri dont l’éclat ensorcelant semble receler une signification secrète. Arthus-Bertrand infuse dans la traditionnelle chevalière le charme déroutant des lettres peintes par le merveilleux calligraphe Nicolas Ouchemir pour métamorphoser un emblème statutaire, somptuaire et aristocratique en attribut amical, élégant et protecteur. La jeune marque Jenny Dee Jewelry, fondée par Jenny Dabbah, fille et petite fille de diamantaires suisses, substitue aux traditionnels figures ésotériques en vigueur dans la joaillerie talismanique, la sensibilité inattendue de mandalas sculptés ou gravés sur des plectres de guitare. La créatrice d’origine arménienne Laura Sayan quant à elle, distribue les vertus spirituelles des bijoux fétiches sur des médailles à personnaliser par des signes astrologiques, des mots, des signes choisis pour leur pouvoir d’incantation ou des énigmes qui ne demandent qu’à être déchiffrées.
Notons enfin que les grandes maisons de jaoillerie aiment tellement les talismans et les amulettes, que, parfois, elles leur dédient des collections entière. Ainsi, l’Amulette de Cartier est au premier regard une sphère magnétique au galbe de galet alternant au centre un diamant ou un onyx. Un examen plus attentif nous dévoile cependant un arc de cercle d’or plein qui se soulève comme un cadenas pour faire place aux vœux. Le joaillier De Beers quant à lui rend à la plus précieuse des pierres sa nature originelle et sa fonction première d’amulette : l’aura du diamant brut se développe en une délicate variation de médailles justement baptisées « Talisman Sublime ».