Comment le plouc a détrôné le branché
Paris, 2010. La cote de la hype se mesure à la patine de la tiag’, au délavement (étudié) du jean, au wavy (non étudié) du cheveu et au nombre d’entrées hebdomadaires chez Castel. Plus sérieusement, l'influenceur de l’époque gravite entre les quatre murs d'un show space où le bon goût est estampillé indé’, porno-chic et vintage maniéré. Huit ans plus tard, les cool kids d’alors sont les has-beens d’aujourd’hui et les ploucs d’hier, les influenceurs de 2018. La claquette, le bob, la banane ou le sac plastique sont entrés dans le droit commun, comme tout ce qui constitue, à deux ou trois détails près, le vestiaire du collectif Vetements pour le printemps-été 2018 et quelques silhouettes bien huilées des derniers défilés Gucci et Burberry. Mais pourquoi cette consécration soudaine du campeur sur le retour en short et hoody, le tout généreusement monogrammé ? Passé l'argument du second degré, cette tendance marque un renversement des valeurs, la charge symbolique de l'objet de mode primant désormais sur ses qualités esthétiques. Références geeks, nerds ou popu'... Le plouc, créature hybride (et géniale) entre Pharrell Williams et Patrick Chirac, n'est donc qu'un topos parmi d'autres de cette mutation. En mode, "y a pas" de touristes.
Crédits photos : DR. De haut en bas : Vetements, Burberry.