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The Time Traveler’s Wife, la série la plus barrée du printemps?

Entre fresque romantique, bluette mélancolique et digression théorique, cette série est inclassable. D’où son charme…

Theo James et Rose Leslie © 2022 Home Box Office, Inc. All rights reserved. HBO ®
Theo James et Rose Leslie © 2022 Home Box Office, Inc. All rights reserved. HBO ®

En règle générale, les embargos imposés aux journalistes, leur intimant de ne rien dévoiler de l’intrigue, les poussent à quelques exercices de gymnastique prudents - dire juste assez pour donner à comprendre de quoi il s’agit, sans risquer le courroux de nos interlocuteurs-trices. Pour une fois, celui-ci nous est bien utile. Ainsi, avouons que le communiqué de presse signale avec justesse que l’intrigue s’appuiera sur cette dynamique : « L'histoire d'amour complexe et magique de Claire et Henry, dont le mariage rencontre un problème de taille : le voyage dans le temps. En effet Henry se retrouve transporté à des époques différentes, sans que cela soit forcément de son fait. »  Si une vie commune propose déjà parfois quelques obstacles, celui-ci complique en effet singulièrement la donne. Entre Claire (Rose Leslie, qui donnait dans Games of Thrones un aperçu de son grand talent, ici confirmé) et Henry (Theo James), cela commencera donc assez curieusement, pour se déployer dans le temps (enfin, dans différentes strates temporelles, on s’y fait assez vite) non sans quelques malentendus et fracas cocasses. On ne sait pas très bien ce que le poète anglais Samuel Coleridge aurait pensé de cette série, mais, excellent critique par ailleurs, il avait théorisé le contrat qui lie un-e lecteur-trice et une œuvre romanesque, reposant sur la nécessité de la « suspension volontaire de l’incrédulité. » Pour plonger dans The Time Traveler’s Wife, il sera en effet indispensable de se défaire de tout scepticisme et de cynisme - à côté, la flamboyance rococo de Outlander évoquerait davantage la filmographie d’Ingmar Bergman. Après quoi, une fois acceptés ces prérequis, l’expérience - car dans son genre bariolé, aberrant même, loufoque, c’en est une -, est assez plaisante. On oscille entre rom-com classique, fantaisie rose bonbon et commentaire théorique sur les aléas de l’amour au quotidien (est-on jamais vraiment ensemble, au même moment ? serait la problématique posée en filigrane) . On ne peut s’empêcher de penser, malgré l’épaisse couche de chantilly sur ce mille-feuille superposant l’improbable à l’impossible (on notera que le récit n’essaie que pour la forme d’expliquer les expéditions temporelles de son héros), à l’un des plus beaux livres sur ce qui fait palpiter le cœur de cette série, Fragments d'un Discours Amoureux de Roland Barthes et à son chapitre Attente :  « Suis-je amoureux ? Oui, puisque j’attends. » L’autre, lui, n’attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n’attend pas ; j’essaie de m’occuper ailleurs, d’arriver en retard ; mais à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. L’identité fatale de l’amoureux n’est rien d’autre que : je suis celui qui attend. » 

Une série créée par Steven Moffat. Avec Rose Leslie et Theo James. Sur OCS, à partir du 16 mai.

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Theo James et Jason David. © 2022 Home Box Office, Inc. All rights reserved. HBO ®
Rose Leslie. © 2022 Home Box Office, Inc. All rights reserved. HBO ®
Theo James. © 2022 Home Box Office, Inc. All rights reserved. HBO ®
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