Voyage

Alula, Terre inconnue.

Il est infiniment rare d’être témoin de la naissance d’une nouvelle destination. Alula en est une. Oasis multimillénaire, au cœur du désert, au nord-ouest de la péninsule arabique, Alula est la vitrine, au travers d’une collaboration unique, entre la France et l’Arabie Saoudite, d’un nouveau tourisme, culturel, respectueux de l’histoire, des populations locales et d’une nature remarquable. L’ouverture d’un pays, d’une civilisation, longtemps cachés, qui se révèlent d’une richesse exceptionnelle.

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Au-delà des dunes, voici un campement de bédouins. Une crêpe, de l’huile d’olive, quelques dattes, c’est le quotidien des nomades de la péninsule arabique, en un désert intouché d’où émergent de géantes stalagmites de grès, sculptées par le vent, témoins du temps qui passe, depuis des centaines de milliers d’années. Au-dessus est le ciel, ces millions d’étoiles. Une jeune femme conte, pointant d’un laser les constellations, l’astrologie arabe, dont l’apogée entre le VIIIème et XIIème siècle, donnait le chemin aux caravanes marchandes, aux marins sillonnant les océans, aux pèlerins enfin. Il y est question de Mektuba, « La patte pliée du lion », de Saiph, « L’épée du géant », d’Achemar et d’Alniman « La fin de la rivière » et « Le collier de perle ». Le regard se noie dans l’infini. Le sable doré file entre les doigts, le temps n’a plus guère d’importance, seuls sont le silence, la poésie de contes des Mille et Une Nuit, les senteurs d’un mirage.

Alula, oasis au carrefour du désert.

Les traces des premiers hommes y remontent à plus de deux-cent mille ans. Elles révèlent l’importance du commerce de la myrrhe et de l’encens dans cette péninsule arabique qui longe la mer Rouge. Dadan, ancienne capitale du royaume de Lihyan, dont les inscriptions datent des VIème et IVème siècle avant Jésus Christ est une cité dont les origines mènent à Noé, tel que cela est écrit dans la Genèse. (10.7) La vieille ville d’Alula, son oasis, ses sept mille ans d’histoire, Mada’in Saleh et les vestiges de la cité d’Hégra : soit cent trente-huit tombeaux rupestres monumentaux, creusés, sculptés dans le grès, datant du deuxième siècle avant notre ère sur près de cinq cent hectares, miroir de Petra, l’ancienne capitale des Nabatéens. Petra, aujourd’hui jordanienne, envahie de touristes, est sans doute l’antithèse de la façon dont est réfléchi l’avenir touristique et culturel d’Alula. Une volonté de mettre en œuvre un modèle nouveau de développement économique et touristique, centré sur la préservation absolue de l’environnement, respectueux de l’histoire, des territoires et de la population locale

Archéologie française

C’est en 2018 que l’Arabie Saoudite et la France signent un accord de partenariat pour le développement d’Alula. Un gigantesque projet qui correspond à la volonté d’ouverture du pays. La France qui vient tout juste d’inaugurer le Louvre d’Abu Dhabi semble être le partenaire idéal. N’est-elle pas la première destination touristique au monde ? Destination culturelle tout autant ? En tout premier lieu est l’approche archéologique du site. Depuis Champollion qui créa l’égyptologie, l’archéologie française a une place à part dans le monde. Non seulement elle forme grand nombre de chercheurs, mais a aussi la réputation d’impliquer les populations locales dans le cadre de ses recherches. Ingrid Périssé-Valéro, archéologue en charge des programmes de fouilles au sein d’AFALULA, l’Agence française pour le développement d’Alula, n’en revient toujours pas de se retrouver là. « Ici, nous ouvrons une page blanche. Les sites archéologiques vont du néolithique aux forteresses du moyen-âge. Notre rôle est de faire partager la richesse des vestiges archéologiques d’Alula. Les fouilles franco-saoudiennes de Dadan nous permettent de former les étudiants saoudiens, qui dans l’avenir pourront mener la suite des fouilles. Ce sont dix dizaines d’années de travail qu’il y a devant nous ».

Des paysages exceptionnels

Vue d’hélicoptère, la région, vaste comme la Belgique, prend toute son ampleur. Les paysages sont exceptionnels. Canyons à n’en plus finir, nécropoles fantastiques, désert filant sur l’horizon. Et à côté, la vieille ville qu’il faut renforcer. Puis les projets muséaux qui font partie des discussions entre la RCU, Commission Royale pour Alula et maître d’ouvrage, et AFALULA : Musée archéologique bien évidement, un musée sur la thématique des volcans qui ont formé ce spectacle exceptionnel, un musée d’Art contemporain. La création saoudienne étant du niveau de scènes telles New-York, Paris ou Berlin. Il faut imaginer la ville moderne, qui accueillera des résidences d’artistes. Une ville qu’il faut repenser à l’aube des années 2030 quand Alula devra accueillir deux millions de visiteurs. Comme s’il fallait construire un lieu où il ne faut rien changer. Créer une cité exemplaire, travaillée avec les matériaux locaux, la pierre, la terre, le bois. Les hôtels ont commencé à sortir de terre. Le Shaden Resort, niché au cœur d’un canyon, Habitas Alula, des suites éparpillées dans une vallée de sable ceinte de montagnes de grès, Ashar Resort by Banyan Tree, en attendant l’œuvre de Jean Nouvel, un hôtel troglodyte au cœur du parc naturel d’Alula. Tout cela sans dégrader l’écosystème, afin de préserver ce site naturel exceptionnel, dans ses dimensions, ses couleurs, la nature et la culture, dans le respect de la population. Et puis préserver l’oasis, l’aider à renaître. Les experts du monde entier, dans les domaines de l’agriculture, de la botanique, de l’urbanisme et de l’architecture, de l’archéologie, sont au chevet d’Alula.

Ici s’écrit une très belle page de l’archéologie mondiale, d’un tourisme réfléchi et contrôlé, d’un modèle pour l’avenir sans doute, en un site tout simplement fantastique.

Se renseigner: www.afalula.com

Hôtels : Shaden Resort : www.shaden-resort.hotels-saudi-arabia.com

Habitas Alula : www.ourhabitas.com

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