La Mamounia : un siècle d’élégance
La Mamounia symbolise la magnificence de l’architecture arabo-andalouse et des arts décoratifs marocains autant qu’un art de vivre mariant à merveille luxe et tradition. Son univers chaleureux et raffiné promet des moments de plénitude inoubliables.
Lieu mythique et historique, La Mamounia est sans conteste l’une des plus belles dames de Marrakech. Elle fête cette année ses cent ans sans que le temps n’ait eu sur elle la moindre emprise. Rare palace au monde à porter un nom féminin, elle n’a jamais cessé d’être la figure mythique de la ville rouge, accueillant avec générosité les grands noms de ce monde, de la politique, des arts et des lettres, ainsi que le gotha international. Ainsi Winston Churchill y établit ses quartiers d’hiver pour peindre “l’un des lieux les plus beaux du monde” tandis qu’Alfred Hitchcock y tourna des scènes de L’Homme qui en savait trop. Et de Charlie Chaplin à Claude Lelouch, en passant par Jean Paul Gaultier, les Rolling Stones, Elton John, Jacques Brel, Barbara Hendrix ou encore Hillary Clinton et Martin Scorsese, on ne compte plus les beautiful people qui ont foulé les épaisses moquettes de son lobby, dormi dans les lits à baldaquin de ses suites, sabré le champagne entre chien et loup au bar le Winston Churchill ou arpenté ses jardins luxuriants les soirs de pleine lune. Les amoureux du dépaysement authentique, dans la douceur d’une ville pittoresque et accueillante, y avaient trouvé leur temple.
Un jardin devenu palace
L’histoire de La Mamounia commence au XVIIIe siècle, dans un jardin de huit hectares adossé aux remparts de la vieille ville. Le sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdellah, qui a dessiné l’espace verdoyant, l’offre en cadeau de mariage à son fils, le prince Mamoun. Ce dernier le baptise “Arsat Mamounia”, autrement dit le jardin de Mamoun. Ce n’est qu’au siècle suivant qu’est érigé le premier bâtiment : le Pavillon de la Mamounia, appelé par la suite le Palais de La Mamounia, dans l’esprit d’une “maison bourgeoise posée en plein désert”. Il sera détruit vers 1922 et c’est l’année suivante que l’hôtel La Mamounia prendra réellement vie. À la demande de l’Office national des chemins de fer, les architectes français Henri Prost et Antoine Marchisio dirigent les travaux de l’édifice doté d’une cinquantaine de chambres réparties sur un seul étage. Jacques Majorelle décore le salon qui porte son nom. L’établissement, qui ouvre ses portes en 1928, est initialement réservé aux longs séjours : on y vient avec ses meubles.
Rénovations fastueuses
À partir des années 1950, La Mamounia fait l’objet de rénovations successives jusqu’à 1977 où, sous l’impulsion de feu Sa Majesté le roi Hassan II, elle se dote de 4 étages, d’une aile supplémentaire, de 200 chambres, d’un casino, le tout dans un style Art déco savamment orchestré par André Paccard, le “décorateur du roi”. Quatorze ans plus tard, Alberto Pinto y entreprend une nouvelle rénovation, avant que, sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l’hôtel ferme ses portes de 2006 à 2009. Les lieux font l’objet d’une remise en état générale et son mobilier est vendu aux enchères. Puis le célèbre décorateur français Jacques Garcia ranime l’hôtel. Il le pare de perspectives inédites sur son splendide jardin, retravaille la lumière en clair-obscur et redonne à La Mamounia tout le lustre de son héritage historique : l’architecture arabo-andalouse. Enfin, en 2020, le duo d’architectes Patrick Jouin et Sanjit Manku lui offrent un pétillant bain de jouvence à travers notamment une touche de modernité précieuse qui lui insuffle une énergie nouvelle. Et l’emplit d’une sérénité inégalable.
Zouak, moucharabieh et style contemporain
Au fil des années, la grâce et la majesté de La Mamounia sont restées intactes. Sa mise en lumière des arts décoratifs marocains ainsi que son inspiration des architectures berbère et arabo-andalouse continuent de charmer ses visiteurs. Plâtres ciselés, bois peints, zelliges colorés, plafonds de cèdre sculpté, fontaines de marbre, moucharabiehs et tant d’autres expressions du savoir-faire de l’artisanat d’art marocain y trouvent leur plus belle ambassade. La Mamounia invite à un voyage en terre d’Orient depuis la réception jusqu’aux 206 chambres et suites où, là encore, la quintessence de l’artisanat marocain s’exprime dans toute sa splendeur au côté d’une décoration contemporaine soignée. Depuis leurs terrasses, le regard plonge dans le parc à la végétation luxuriante et ponctué d’œuvres d’art, s’attarde sur la Koutoubia voisine, ou sur les montagnes de l’Atlas au loin. Au petit matin s’offre le spectacle enchanteur de la lumière rebondissant sur les hauts murs drapés de bougainvillées, et de la brise qui berce les milliers de rosiers et fait frémir les voilages. Pour une immersion encore plus exclusive, trois élégants riads proposent une retraite privilégiée au cœur d’une végétation généreuse.
Délices orientales, méditerranéennes et asiatiques
À La Mamounia, depuis un siècle, on vient pour se ressourcer vraiment. Les épicuriens y sont comblés : ses tables recherchées affichent toutes une insolente personnalité. Le Marocain, dirigé par le chef Rachid Agouray, met en avant le meilleur de l’art culinaire marocain. Le célèbre chef triplement étoilé Jean-Georges Vongerichten met en valeur une gastronomie plus cosmopolite et, à L’Asiatique, retranscrit une cuisine panasiatique qui s’étend de l’Asie du Sud-Est aux confins du Japon. Quant à L’Italien, le chef étoilé présente de délicieuses spécialités de la Botte et une terrasse arborée avec vue sur la piscine, en retrait, et les jardins merveilleux du palace. Mais le voyage gustatif ne s’arrête pas là. Le Salon de thé Pierre Hermé sert tout au long de la journée une sélection de créations salées et sucrées qui ont fait la renommée de ce maître pâtissier français. Ce dernier a également signé la carte du bar italien qui, installé face aux jardins, sert également ses en-cas culinaires au Pavillon de la Piscine. Enfin, le mythique Bar Churchill a également fait peau neuve. Dans un esprit feutré, les hôtes peuvent choisir parmi l’un des 90 champagnes du bar ou l’une des 2 000 bouteilles d’exception de l’Œnothèque, meilleur bar à vins d’Afrique, tout en dégustant un caviar osciètre de la maison française Kaviari.
Plaisirs sensoriels
Après avoir déambulé dans la médina de Marrakech, ou découvert les joyaux de la ville et de ses environs, on retrouve avec bonheur la légendaire hospitalité de La Mamounia. Au bord de la piscine immense, sous l’ombre protectrice des palmiers, on se prélasse, on perçoit les sons étouffés de la vie environnante, on écoute le chant des oiseaux. On se pose sur un banc, dans une allée paisible, près du jardin aromatique et du potager, ou bien simplement entouré de la végétation choyée dès l’aube par une ribambelle de jardiniers. Le voyage sensoriel se poursuit au somptueux Spa à l’atmosphère intimiste et feutrée. Dans cet espace raffiné dédié au bien-être, des thérapeutes confirmées invitent à tester les bienfaits du ghassoul (argile), de l’huile d’argan, de l’eau de rose et de fleur d’oranger, et du safran lors de rituels de beauté pratiqués depuis des siècles au Maroc. Une autre gamme de soins est proposée avec les deux excellentes marques de cosmétiques Valmont et marocMaroc, et pour la coiffure Christophe Robin. Massages, soins du corps et du visage, et même salon de beauté privé, le spa est un univers empreint de la volupté qui, depuis 100 ans, confère à La Mamounia ses lettres de noblesse.
La Mamounia, avenue Bab Jdid, Marrakech. Tél. : 05 24 38 86 00.