Nos adresses pour un week-end à Vienne

Ancien « grätzel » populaire où artisans et ouvriers voyaient autrefois, à la nuit venue, passer discrètement l’Empereur Joseph II, le même qui s’insurgeait ardemment contre ces lieux de vice dans la journée... le Spittelberg a aujourd’hui fort changé. Le Parisien y verra sans doute un reflet viennois du 9ème arrondissement, où les bars montants de Pigalle, sexshops et autres « lieux de plaisir » ont laissé la place à des bars à cocktails, boutiques chic et restos bobos et bio. A l’épicentre des ruelles fleuries de Spittelberg, l’hôtel Altstadt rayonne de style et d’intelligence. Ce boutique hôtel est né de la passion d’Otto E. Wiesenthal, businessman voyageur, las des hébergements standardisés au luxe calibré, qui se décide au début des années 90 à créer un lieu différent, amical et humain. Remarquable écrin pour une collection d’art débutée dès l’adolescence, où Warhol côtoie Annie Leibovitz, Yayoi Kusama, Bruno Gironcoli... Ici, chaque chambre a été pensée par un designer différent. Matteo Thun, Dietrich Untertrifaller, Polka et tant d’autres participent au concept fondateur de l’Altstadt : « The Art of Hospitality »

A deux pas du Museum Quarter, entre les rues Breite Gasse et Sigmundsgasse, les ruelles romantiques et cours ombragées vibrent de rires et de musique. Tian Bistro propose menus végétariens et végans. C’est beau et bon et le Michelin s’y est délesté d’une étoile. Dans le show-room Eigensinnig, phare de la mode avant-gardiste à Vienne, Toni Woldrich, le Soulage de la fringue, propose robes, jeans et manteaux, forcément noirs, qui ne laissent pas indifférents. Les stars en raffolent et nous tout autant. Les photos de Silverfineart Gallery sont elles bien belles. Puis ce sont les meubles, lampes et babioles « sixties » que l’on chine chez Beate Hautzenberger qui a la judicieuse idée de livrer les pièces importantes à l’étranger. Incontournable adresse du quartier, Mühlbauer, chapelier depuis 1903, propose ses jolies coiffes artisanales aux esthètes. Si les clients japonais adorent, Brad Pitt, Madonna, Meryl Streep et Yoko Ono y passent régulièrement commande. Au programme de la visite du quartier : se désaltérer d’un jus de fruit nature chez Naturkost St Josef, épicerie bio très courue, avant de faire un stop à la Sellerie, concept store aussi trendy qu’iconoclaste.

Filer vers le Museum Quarter parait enfin incontournable. Les 60 000 m2 des anciennes écuries de la Cour impériale accueillent de nombreux établissements d’art. L’exposition sur Egon Schiele y est remarquable. Difficile d’être indifférent à cette œuvre graphique et picturale du temps de la Vienne symboliste. L’ambiance du MQ est résolument hype. Du café Leopold au restaurant Halle, du bar Kantine au Kaan, les lieux sont déco et cool. Le soir venu, après un diner au Flora où la cheffe Parvin Razavi propose une assiette aussi riche en couleurs qu’en saveurs, le voyageur se dirige vers Soulmate, élégant et stylé bar du quartier. Point trop tardivement cependant. Car demain, samedi, le curieux ne manquera pour rien au monde le marché aux puces de Naschmarkt. Un incontournable de la cité où plus de 400 étals, tant particuliers que marchands, proposent un bric à brac de meubles et d’objets résolument « Mitteleuropa ». Kitsch et fun. La balade vaut le détour, tout autant que le spa de l’hôtel San Souci, palace croisé sur le chemin, avec sa piscine surréaliste, éclairée de lustres Grande Époque et son hammam nickel chrome. Et c’est ainsi, que ces 48 heures à Vienne, dans le quartier bohème de Spittelberg, à moins de deux heures de Paris, se révèlent être l’idéal dépaysement pour un week-end aussi festif que printanier.