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Découvrez Listen, le livre qui rend hommage à la création musicale américaine

Un sublime livre rend hommage à la création musicale américaine.

stage lighting urban city

Alors que le CBGB, salle que les clichés désignent comme mythique, puisqu’y passèrent les Ramones, Blondie, Television – disons que c’était un peu la version underground de l’Olympia parisien –, s’apprêtait à fermer, en 2006, l’artiste Rhona Bitner s’est embarquée dans une odyssée à la poursuite des derniers lieux où vécut et vit encore la musique. 26 États américains, 89 villes et 385 salles de concert ou studios d’enregistrement. Aucune nostalgie ici, mais une captation de ces endroits où vibra plus fort qu’ailleurs le talent émergeant – la première salle, dans un lycée, où se produisit Bob Dylan, l’église où chantait la jeune Aretha Franklin –, ou s’éteignant – la pièce où Elvis aurait chanté Blue Eyes Crying in the Rain et Unchained Melody, à l’intention de son cousin Billy, le 16 août 1977. Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour rêver aux romans qui se sont déployés entre ces murs, aux intrigues amoureuses formées dans la fosse des salles de concert, aux embrouilles sans lendemain au bar, aux engueulades homériques en studio pour déterminer s’il faut plutôt jouer un fa majeur ou un sol mineur sur le refrain. Ces murs jaunis, ces moquettes douteuses, ce plafond inquiétant, ces ampoules grillées depuis longtemps, nous racontent un cer- tain xxe siècle, fait d’insurrections, d’inventions, d’embardées folles. Nulle nostalgie donc, mais une mélancolie à contempler ce monde englouti, cette Atlantide aux ruines encore fumantes, brûlantes. Ces splendides images évoquent le travail de William Eggleston ou les voyages de Stephen Shore. Ces “vaisseaux fantômes de la musique”, ainsi que les désigne Iggy Pop dans sa magnifique préface, n’ont pas cessé de flotter au-dessus de nos yeux éblouis, certains ont dange- reusement flirté avec le sol, d’autres se sont envolés au-delà de tout horizon humain, et il est beau que ce livre témoigne de leur exis- tence. Certains jours, on en douterait presque, si l’on ne se souvenait pas de cette formule de l’écrivain Kurt Vonnegut, “Si jamais je devais mourir, à Dieu ne plaise, que ceci soit mon épitaphe : ‘La seule preuve dont il avait besoin pour l'existence de Dieu était la musique.’”

Listen. Scènes et studios, voyage dans la musique américaine. Photos de Rhona Bitner. Sous la direction d’Éric Reinhardt. Éd. Rizzoli.

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