San Lorenzo Mountain Lodge : refuge secret dans les Dolomites
Cette demeure privée et privatisable, nichée au cœur du massif italien des Dolomites, est l’un des secrets les mieux gardés d’Italie. Et sans doute l’un des plus précieux. Visite en compagnie des propriétaires.
Venise, 11h30 du matin. La température est encore agréable, même si l’on sent qu’elle va bientôt irrémédiablement grimper en centigrades, et qu’il fera bon quitter la Sérénissime pour des climats plus doux. En route donc vers la montagne, les Dolomites plus exactement, massif des Préalpes orientales méridionales, qui se parcourt en des paysages à couper le souffle, entre la Vénétie et le Trentin-Haut-Adige. Le rendez-vous est fixé sur la place de l’église d’un village dont je n’ai eu le nom qu’hier soir. Ici, le luxe est d’une discrétion rare. Une fiat Panda SUV noire m’y attend. S’en extrait Stefano, l’hôte des lieux. Il m’accueille comme un ami, un ami choisi. Ici, les invités sont ainsi, choisis. Puis la voiture file dans la montagne, sur une route telle un chemin. La forêt est dense, les champs peuplés de vaches. Dix belles minutes avant de se garer au milieu de nulle part, à 1200 mètres d’altitude en un site ouvrant sur trois vallées qui se noient dans l’horizon.
Bienvenue au Lodge
La demeure est de bois, le toit de lauze. Une demeure pas comme les autres. Ancienne résidence de l’évêque Bressanoni au milieu du XVIème siècle, elle a été rénovée au début de ce XXIème, sous le regard intransigeant des « Belle Arti », l’équivalent du ministère de la Culture de notre côté de la frontière. Stefano en esquisse l’histoire avec délectation sur le chemin d’où j’aperçois un discret héliport posé sur le gazon, un golf tout à la verticale, comme je n’en ai jamais vu ailleurs. La porte en ogive ouvre sur une longue salle blanche aux formes similaires qui dessert d’autres portes de bois. De l’une d’elle sort un sourire, des yeux brillants, un tablier blanc. Première image de Giorgia. Pour Stefano et Giorgia, le luxe, c’est de ne pas être sur Google Map. Et vous pouvez toujours chercher, le San Lorenzo Mountain Lodge n’y est pas. Le luxe, c’est l’intimité. Et la demeure s’y prête si bien. Les hôtes vous y reçoivent tels des amis qui reviennent, régulièrement. Jusqu’à huit personnes, copains ou familles qui se répartissent au hasard des chambres aux bois clairs, aux draps de coton, créés pour la maison.
Giorgia et Stefano habitent dans une maison toute proche. Deux dames, l’une du matin, l’autre du soir s’occupent de vous discrètement. D’un petit déjeuner comme seuls les Italiens savent les préparer, (multitude de confitures faites maison, jambons d’ici, œufs de la ferme), jusqu’au dîner, relevant d’un chef qui se devrait d’être étoilé. Et le chef c’est Giorgia. Elle est issue du monde de la mode, descendante de la famille Brioni, ou ce que le luxe à l’italienne sait faire de plus exclusif. Ses mets le sont tout autant : Crème de chou-fleur au cœur de fromage gris et bâtonnets de speck croustillants, feuilleté de Strudel farci de chou blanc, bacon, fromage d'alpage et sauce Riesling, joue de bœuf braisée sur crème de polenta et petits radis râpés. C’est délicieusement parfumé, léger, surprenant. Stefano lui aussi est issu du monde de la mode (ancien directeur général d’Escada), amoureux de la vie, des vins, ayant sélectionné les meilleurs crus de ce coin des Dolomites. Le Porphyr Lagrein de la Maison Terlan, le Castel Campan de chez Manicor, Le Kerner Praepositus de l’Abbaye de Novacella… Les papilles sont à la joie, les saveurs longues en bouche.
Une nature remarquable
Au petit matin, les trois vallées sont couvertes d’une brume que rosit le soleil levant. San Lorenzo Lodge, c’est aussi une forêt dans les alpages de 40 hectares, 12 autres hectares d’herbe grasse. Stefano y entraîne ses convives. Il leur propose d’apprendre à faire le beurre, à traire une chèvre et les invite à s’aventurer sous les frondaisons pour une cueillette de cèpes parmi les plus beaux d’Italie. Une région que l’on découvre au travers de traditions séculaires, gourmandes. A moins que l’on préfère, d’un coup d’hélicoptère, survoler ce massif des Dolomites, stupéfiant, magnifique. Ou tout simplement, s’essayer sur un green étonnant. Imaginez un parcours conçu par Ron Kirby et Jack Nicklaus, stars internationales en la matière. Le résultat est à la hauteur des attentes avec le golf le plus vertical du monde. Un 18 trous Par trois où il n’y a pas de « Fairway » entre les « Tees » et le « Green ». En douze ans, personne n’a réussi à faire le Par. Après l’effort, ayant pitié de nous, Giorgia nous convie dans leur antre. Une cave du XVIème siècle où se dégustent vins et jambons de pays, parmesan et bonne humeur. Puis la nuit arrive, nous voyant allongés en une piscine d’aluminium apparue comme par miracle au milieu d’un gazon impeccable. La soirée se poursuit, le regard plongé en un ciel remarquable, à compter les étoiles filantes, à parler d’autres lieux magiques que nos hôtes ont réinventés : un exceptionnel appartement situé dans une église de Rome, un catamaran à bord duquel ils partiront bientôt tous deux, accompagnés de quelques amis, pour un tour du monde d’une année…
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